The Suncharms
"On veut être le premier groupe
à jouer sur la lune [i]"
affirmait, hilare, John Malone, le guitariste du groupe, à un journaliste venu
écouter LA nouvelle formation venue de Sheffield en cette année 1991, époque où
le shoegaze envahissait les pages de la presse. Au lieu de ça, The Suncharms se
contenta de sortir deux singles, sur le label Wilde Club (celui qui aura lancé
Catherine Wheel) avant de disparaître de la circulation. Pourtant au moment de
leur formation à Sheffield, Marcus Palmer (chant), John Malone (guitare), Chris
Ridley (batterie), Richard Farnell (basse) et Matt Neale (guitare), pensaient
conquérir le monde. "Nous pensons
qu'un bon album provoque des émotions : tristesse, joie, peu importe. Et c'est
ce que nous faisons.[ii]"
Effectivement c'est ce qu'ils faisaient, brassant des influences larges. "Regardez
tous ces groupes, Moose, Slowdive, Chapterhouse, chacun possède les mêmes
disques que les autres ![iii]" critiqueront-ils,
fiers de leurs influences allant de Hendrix ou Pale Saints à Ultra Vivid Scene
en passant par les saugrenus West Coast Pop Art Experimental Band. Même si
bien-sûr, tout cela n’était que de la posture pour tenter maladroitement de se
démarquer. Bien des années plus tard, Richard Farnell avouera avoir été bercé
par les mêmes groupes que tous les shoegazers : « On était très influencé par le C-86, cette
compilation qui regroupait beaucoup de nos groupes favoris. Marcus et moi-même,
on était influencé par des groupes comme The Pastels, Sea Urchins, Field Mice, Wolfhounds,
McCarthy, mais dans le même temps Pale Saints et My Bloody Valentine
débarquaient à cette époque et nous ont chamboulés. [iv]»
Ils seront pris en charge par Barry
Newman, le patron de Wilde Club à Norwich, celui qui aura donné une chance à
ces petits groupes shoegaze provinciaux. Un processus qui s’est fait
naturellement comme cela se faisait à l’époque. Culotté le groupe a juste tenté
sa chance. « On était très naïf
comme tous les groupes indie des années 80/90. On a envoyé quelques démos et on
a croisé nos doigts. Un bon ami à nous, Marcus, avait acheté le premier single
de Catherine Wheel et noté pour nous l’adresse du label (…) Honnêtement Wilde
Club ont été les premiers à nous appeler. [v]» Mais comme chacun
sait, le label n’a pas les finances pour un album et il faudra se contenter de
deux EPs.
Cela ne suffira pas, et après une
session chez John Peel, The Suncharms n'existera plus dès 1993, et ce sans
avoir sorti le moindre album. Richard n’arrive même plus à se souvenir comment
ils se sont séparés : « Je
pense que c’est parti en sucette vers 1993 quand les membres du groupe ont
déménagé, ont changé de carrière, se sont mariés etc. et je pense qu’on a
commencé à côtoyer des amis pas vraiment connectés au groupe. Je suppose que
sans contrat de label (pour un album), on a perdu la motivation.[vi] »
On retiendra d'eux cependant cette
interview extraordinaire dans le NME, au cours de laquelle, sans vergogne et
avec une morgue éhontée, ils osaient affirmer être la nouvelle sensation rock.
"Quand vous écoutez un autre groupe, vous vous dites, si seulement ils
avaient ce petit truc en plus. Et bien nous on essaye de prendre ce petit truc
en plus pour l'importer dans nos chansons[vii]".
Sacré Marcus ! Tu nous manques.
[i] John
Malone cité par Jonny Tatcher sur NME, 13 juillet 1991, [en ligne] http://drmango.net/birdpoo/sun/sunch_on.htm
[ii] Idem
[iii] Idem
[iv] Interview
de Richard Farnell par Cloudberry Records, 19 septembre 2011 [en ligne] http://www.cloudberryrecords.com/blog/?p=1424
[v] Idem
[vi] Idem
[vii] John
Malone cité par Jonny Tatcher, op. cit.
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