Blow de Swallow
Sortie : 1992
Produit par John Fryer
Label : 4AD
Sortie : 1992
Produit par John Fryer
Label : 4AD
Extrêmement fantasmagorique, cet album
est portant glacé. Comme du papier : verni, pur, doux. On le doit à un couple,
en studio comme à la ville, Mike Mason et la vocaliste Louise Trehy. Lui,
bidouilleur, touchant un peu à la guitare et goutant du synthé ; elle,
mystérieuse et au chant éthéré. Privilégiant au mieux les nappes à base de
guitares comme de touches electro, Swallow condensera en un album toute la
personnalité du label 4AD, sur lequel ils avaient signé au début des années 90.
A la fois tendrement excessive et paresseusement exigeante, leur musique les
rapprochera de My Bloody Valentine, Curve, Cranes mais surtout des Cocteau
Twins, évidence qui ne manquera pas d’échapper aux amateurs.
Cela est-ce dû sans doute au son très
particulier des guitares dont les distorsions travaillées, remixées et de
nouveau retravaillées à l’enregistrement. Elles paraissent venir de loin. Des
sortes de déchirements de machines. Cette robotique on la retrouve également
dans le tempo totalement artificiel de Swallow, à base de boite à rythme, mais
aussi de touches mélodiques au clavier, légèrement glissantes et froissées.
C’est à peine si on perçoit un bourdonnement (« Sugar your mind »). Tout du
long, on a plutôt le droit à une ambiance atténuée, sans accroche, où les
saturations se posent délicatement comme des voiles de soie.
Ce spectacle d’une féerie artificielle
trouve ses aspirations dans quelques courts instrumentaux, composés de claviers
et de guitares évasives (la magnifique ouverture « Lovesleep » ou « Lacuna »),
servant d’intermèdes à des titres à la beauté plastique irréprochable mais
terriblement dénués de chaleur. Les quelques touches de piano (« Oceans and
blue skies ») soutiennent la voix fluette de Louise qui parfois disparaît et
s’évanouît (« Cherry Stars Collide», très gothique dans l’âme).
Suave, coulante, délicieuse, Louise
Trehy saupoudre de son charme l’ensemble de ces chansonnettes, dérives
esthétiques dans l’onirisme et le confort ouaté. On n’écoute pas cet album, on
le traverse, on voyage dans un monde chimérique, où les boites à rythme se font
lassantes, les crénelages des guitares à peine recouvrantes. La force se
suspend parfois jusqu’à un nuage léger comme une plume, composé de vapeurs de
gouttes d’or et de miel (« Tastes like honey »).
On décolle alors très vite sous le
charme de mélodies tombées du ciel et de chants à coup de « yaouhouhouhou » et
de « peekapeekaboo » (le sublime et mirifique « Peekaboo ») qu’on croirait tiré
du vocabulaire elfique. Une beauté plus rentrée et en dedans, presque timide,
sensation qui renforce la froideur délivrée. Sans doute est-ce pour cela que le
groupe a choisi d'éliminer toutes traces de folie ou de guitares mordantes,
dans le but de créer un vrai cocon.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire