Tomorrow is Today de February
Coup de coeur !
Sortie : 1997
Produit par Richard Werbowenko et February
Label : Carrot Top
Il y a tout d’abord la voix. Amy Turani ose ce qu’aucune chanteuse de shoegaze n’avait osé faire : séduire. Langoureuse, envoûtante, elle se fait sexy et troublante. Cette fille ferait tout accepter tant elle dégage du charisme : force, finesse, mystère, beauté et pureté, tout y est contenu.
Ses roucoulements moites et vigoureux transportent le fonceur « Hit Me », ses miaulements de chat au pelage noir de jais traversent le dub à la couleur dark « Caught », ses souffles suaves caressent sur le délicat « Soundtracks » (et sa discrète flûte).
Avec cet album on sent l’envie d’apporter un plus au shoegaze, qui à l’époque était presque oublié de tous, pour poser les bases d’un mélange avec bien d’autres styles. On notera l’usage des boites à rythmes, le tempo nonchalant, presque trip-hop sur « Slinky », les saturations éparses, froids et robotiques, les instruments jazz (trombones, trompettes, saxophones), l’urgence noisy pop sur « Riproar », les colorations electro ajoutées au piano sur l’artificiel « Slan », voire les expérimentations ambient (« Pulse »).
Bien que divers, les titres partagent tous les mêmes particularités évasives et légèrement cafardeuses. Il subsiste malgré tout une cohésion et un cachet rattaché au groupe. Une sorte de poison noir. D'une ambiance sensuelle à une autre plus inquiétante, on y passe très rapidement, sans s'en rendre compte, de par les utilisations mixées de guitares d’acier et de rythme artificiel.
L’inquiétant « Easy » avec sa voix déformée et ses crachats de saturations ferait presque froid dans le dos. Le monde moderne, urbain, technologique dépeint par February fascine. Il se cale parfaitement à son époque, ses invasions informatiques, les réseaux Internet qui se déploient, la mélancolie qui gangrène chaque progression citadine, où la frontière entre féminité et technologie se brouille et se confond. De là naît un profond sentiment de tristesse et de contemplation. Ces turpitudes prennent d’autant plus de résonance que le groupe flirte avec la beauté : sur « Trace », les guitares cristallines dessinent des mélodies à se damner.
Sur les derniers morceaux, à la qualité ébouriffante, Amy Turani se fera tour à tour torturée, aguicheuse, sombre, angélique : éminemment délicate. Les morceaux ne seront que des traversés de guitares distordues (« Swoon »), des nappes de grâce avec guitare sèche et bruit de brise magique (le sublime « Rue Muffetard », en référence au célèbre quartier de Paris) ou bien des moments éperdues où les guitares cristallines, le piano et les violons se font l’écrin idéal à un chant venu des cieux (l’indépassable « Peacock », une des chansons les plus bouleversantes jamais composées).
Au fur et à mesure, la force de la voix d’Amy Turani disparaîtra pour se transformer en pure déclamation féerique et magnifique. Comme quoi on y revient à cette voix. Elle finit par achever l’album sur des notes totalement évasives.
Produit par Richard Werbowenko et February
Label : Carrot Top
Il y a tout d’abord la voix. Amy Turani ose ce qu’aucune chanteuse de shoegaze n’avait osé faire : séduire. Langoureuse, envoûtante, elle se fait sexy et troublante. Cette fille ferait tout accepter tant elle dégage du charisme : force, finesse, mystère, beauté et pureté, tout y est contenu.
Ses roucoulements moites et vigoureux transportent le fonceur « Hit Me », ses miaulements de chat au pelage noir de jais traversent le dub à la couleur dark « Caught », ses souffles suaves caressent sur le délicat « Soundtracks » (et sa discrète flûte).
Avec cet album on sent l’envie d’apporter un plus au shoegaze, qui à l’époque était presque oublié de tous, pour poser les bases d’un mélange avec bien d’autres styles. On notera l’usage des boites à rythmes, le tempo nonchalant, presque trip-hop sur « Slinky », les saturations éparses, froids et robotiques, les instruments jazz (trombones, trompettes, saxophones), l’urgence noisy pop sur « Riproar », les colorations electro ajoutées au piano sur l’artificiel « Slan », voire les expérimentations ambient (« Pulse »).
Bien que divers, les titres partagent tous les mêmes particularités évasives et légèrement cafardeuses. Il subsiste malgré tout une cohésion et un cachet rattaché au groupe. Une sorte de poison noir. D'une ambiance sensuelle à une autre plus inquiétante, on y passe très rapidement, sans s'en rendre compte, de par les utilisations mixées de guitares d’acier et de rythme artificiel.
L’inquiétant « Easy » avec sa voix déformée et ses crachats de saturations ferait presque froid dans le dos. Le monde moderne, urbain, technologique dépeint par February fascine. Il se cale parfaitement à son époque, ses invasions informatiques, les réseaux Internet qui se déploient, la mélancolie qui gangrène chaque progression citadine, où la frontière entre féminité et technologie se brouille et se confond. De là naît un profond sentiment de tristesse et de contemplation. Ces turpitudes prennent d’autant plus de résonance que le groupe flirte avec la beauté : sur « Trace », les guitares cristallines dessinent des mélodies à se damner.
Sur les derniers morceaux, à la qualité ébouriffante, Amy Turani se fera tour à tour torturée, aguicheuse, sombre, angélique : éminemment délicate. Les morceaux ne seront que des traversés de guitares distordues (« Swoon »), des nappes de grâce avec guitare sèche et bruit de brise magique (le sublime « Rue Muffetard », en référence au célèbre quartier de Paris) ou bien des moments éperdues où les guitares cristallines, le piano et les violons se font l’écrin idéal à un chant venu des cieux (l’indépassable « Peacock », une des chansons les plus bouleversantes jamais composées).
Au fur et à mesure, la force de la voix d’Amy Turani disparaîtra pour se transformer en pure déclamation féerique et magnifique. Comme quoi on y revient à cette voix. Elle finit par achever l’album sur des notes totalement évasives.
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