Date :
1995
Production :
Chris Colbert
Label :
Reunion
Un
album remuant, animal, qui prend aux tripes, avec sa rudesse, son rythme
tribal. « Waterdogs » n’offre que du noise et des saturations, pour
des riffs noirs et un chant venimeux. Tandis que « Sun stoned » est
une longue incantation, transcendantale, lente, aux échos indiens, jusqu’à
n’arrivent un mur du son crescendo raboteux.
On
dit souvent que le shoegaze est cérébral, fait appel à l’intellectuel, ici, on
touche le côté viscéral, pulsionnel et instinctif, pour renouer avec ses
racines. La basse profonde, les caisses de batterie frappées avec aplomb, ce
suspens vaporeux installent le décor pour l’arrivée d’un refrain où on libère
ses expressions à coup de mur du son féérique et de longues vocalises
« aaaaaaaaaaaaaah » rédemptrices (« Grylliade »). On est
pris de convulsions magiques à l’écoute du splendide « Bendy Line »,
avec ses percussions, ses violons, son clavier, sa voix féminine de toute
beauté, qui ressemble à une longue prière invoquant la grâce et qui se
terminera par une montée en puissance. Parfois cette recherche expérimentale
pourra être difficile, comme des épreuves ou des nuages, à l’instar de
l’avant-gardiste « Humb » ou de « Manta Rae », couvert de
saturations et où les cithares ont peine à surnager, tout comme une voix
angélique. Pour appuyer ses propos, The Prayer Chain utilisera énormément
d’inspirations orientales et/ou africaines, des percussions, des bruits blancs
et des voix soufflées. En cela, le groupe ressemble parfois à ce que faisaient
les groupes prog. En témoigne le superbe « Creole », aux voix
adoucies, dont la langueur et les guitares féériques rappellent Levitation, The
Verve ou Catherine Wheel.
Une
synthèse entre les fondamentaux rythmiques et mystiques et des distorsions
modernes et bruyantes pour accéder à une sorte d’universalité. Afin que tout le
monde puisse comprendre les émotions déployées : prière, colère, doute,
évasion.
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