12 mai 2008

The Telescopes : Singles Compilation


Singles Compilation de The Telescopes

Indispensable ! 

Date : 1990-91
Produit par Richard Formby
Label : Mind Expansion


The Telescopes est un groupe culte, notamment parce que c'est un groupe à singles. Ceux qu'ils ont sorti au début des années 90 sont incroyables, opérant un virage du psychédélisme hardcore au psychédélisme coulant. Cette compilation sortie en 2008 est à ce titre indispensable, bien qu'un peu courte.
Avec ces cheveux hirsutes à la Jim Reid et ses tee-shirts délavés à la javel, Stephen Lawries déversait ses doses de trip sonores avec une nonchalance éhontée de branleur. Brouillons, limite potaches, ses premiers morceaux sont presque une souffrance pour les oreilles chastes. Une cacophonie ambiante, faite de feedback pullulant (« To Kill a Slow Girl Walking »), à la fois rétro (on pense au Velvet), comme éminemment ancrée dans son temps (on pense à Loop), qui consume l’auditeur. Car c’est cela qui caractérise les Telescopes et les a érigé au statut de culte. Leur désir de torpiller, de foncer dans le tas, sans faire de détail, tant pis pour les écorchures, il faut que ça sorte, qu’on se fasse plaisir, qu’on bousille les enceintes, c’est là, lorsque tout se recouvre, qu’on ne distingue plus rien, que l’on sent le psychédélisme s’exprimer sans contrainte (« Sadness Pale »).
C’est en signant chez Creation que le groupe délaisse les agressions et se jette à corps perdu dans l’évanescence. Avec « Precious Little », une parfaite réussite de bout en bout, on plane sous l'effet conjugué des guitares remplies de fuzz, mais aussi des tambourins lancinant, des voix nonchalantes, et surtout de ce groove incroyable, qui baigne l’ensemble de la chanson. Stephen Lawrie commence à s’alanguir, succomber à la torpeur et à convoquer les esprits hippies des années 60 (le splendide « I sense »). 
Avec « Everso », dont les ‘’aaaaaaah aaaaaaaaaaah aaaaaaaah’’ sont symptomatiques de la neurasthénie qui enveloppe le style de The Telescopes, la transformation est flagrante par rapport aux débuts. A considérer l’ecstasy comme le sixième membre du groupe, on peut observer son effet sur leur musique, plus lente, plus cool, plus tranquille. Les guitares caressantes, rêveuses parfois, beaucoup moins lourdes qu’autrefois, ainsi que les saturations en arrière fond, les quelques effets de cithares qu’on devine à peine, concourront à dessiner cette plage d’ouverture à l’évasion la plus folle, ouvrant les portes de la perception. C’est encore plus vrai avec « Celeste » : clavier, chœur légers, rythmique groovy (la basse évoque Madchester), guitares glissantes, tout y est. Loin d’être agressif, ce single entraîne un long voyage planant vers un lit douillet. Petit à petit les guitares dures s’effacent, au même titre que la batterie qui se fait moins violente, chaque instrument prend moins d’ampleur mais se diffuse plus longuement, l’instrumentalisation se fait plus riche, les voix n’hésitent plus à être soufflées, se répondant en écho (le vaporeux « All a dreams »). 

Dernier single de l’impressionnante série sortie sur Creation, « Flying » achève la fulgurante déliquescence qu’entame Stephen Lawrie pour s’épanouir dans le psychédélisme le plus complet. Moins de bruits et plus d’espaces, plus d’étirements, plus de longueurs et de langueurs. Ce sont des guitares sèches et de longs slides qui ouvrent le bal, avant que des voix shootées, masculines comme féminines, qu’on n’arrive d’ailleurs plus très bien à distinguer entre elles, ne viennent se répandre paresseusement. Le groupe ne se posait à l'époque plus aucune limite.

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