Silver de Starflyer 59
Sortie : 1994
Produit par Blood
Label : Tooth and nails
Bon sang, mais qu’est-ce qui peut torturer à ce point l’esprit de Jason Martin pour livrer un album aussi lourd ?
Dès les premiers riffs de "Blue Collar Love" le ton est impressionnant, froid comme l'acier, implacable. Cet album sans nom, est une succession de guitares plombées, de larsens crispant alternant à de doux passages où la voix de Jason Martin peine à surnager par-dessus cette pression.
On y retrouve un esprit tortueux de part cette aptitude à voiler les mélodies sous une fatigue fantomatique, à la différence près que la violence et l’engourdissement sont de mise. Le batteur ne connaît pas autre chose que les caisses, les déferlantes de guitares glissantes comme dévastatrice, le chant est narcoleptique. Le chant, parlons-en justement. Relents chargés de Valium, ces souffles fatigués plombent tous les morceaux. C’est à peine si une voix famélique, douce et accablée se dégage de la déferlante des riffs implacables qui surviennent. C’est l’état de l’abandon, les émotions qui déposent le bilan, la grève de la rébellion. Jason Martin déclame son amertume. Et c’est loin d’être réjouissant : les petites mélodies suaves sont aussitôt écrasées par les saturations sur « Monterey », les textes, absolument mélancolique, ont du mal à sortir au travers de la gorge, avec autant de légèreté dans l’intonation que de gravité dans le ton, quant au sublimement triste « Droned », c’est un déballage tragique de tendresse qui s’emballe et se noie sous une avalanche. Dès qu'un semblant de luminosité pointe le bout de son nez ("Hazel Would") c'est pour être aussitôt effacée par une monotonie électrique traumatisante ("The Dungeon").
Au cœur de cette démonstration cafardeuse, on découvre bien vite ce que ce gênant geignement peut posséder de magique. La céleste mélodie concluant "The Zenith", les claps décontractés sur "2nd Space Song" qu’on n’attendait pas après cet orage de guitares, ou le majestueux "She Only Knows" (et ses « lalalalaaa » laconiques et épuisés) prouvent, si besoin était, la qualité d'orfèvre des compositions.
Si bien qu’on ne sait pas très bien réagir à la fin de cet album : s’émerveiller ou fondre en larme.
Sortie : 1994
Produit par Blood
Label : Tooth and nails
Bon sang, mais qu’est-ce qui peut torturer à ce point l’esprit de Jason Martin pour livrer un album aussi lourd ?
Dès les premiers riffs de "Blue Collar Love" le ton est impressionnant, froid comme l'acier, implacable. Cet album sans nom, est une succession de guitares plombées, de larsens crispant alternant à de doux passages où la voix de Jason Martin peine à surnager par-dessus cette pression.
On y retrouve un esprit tortueux de part cette aptitude à voiler les mélodies sous une fatigue fantomatique, à la différence près que la violence et l’engourdissement sont de mise. Le batteur ne connaît pas autre chose que les caisses, les déferlantes de guitares glissantes comme dévastatrice, le chant est narcoleptique. Le chant, parlons-en justement. Relents chargés de Valium, ces souffles fatigués plombent tous les morceaux. C’est à peine si une voix famélique, douce et accablée se dégage de la déferlante des riffs implacables qui surviennent. C’est l’état de l’abandon, les émotions qui déposent le bilan, la grève de la rébellion. Jason Martin déclame son amertume. Et c’est loin d’être réjouissant : les petites mélodies suaves sont aussitôt écrasées par les saturations sur « Monterey », les textes, absolument mélancolique, ont du mal à sortir au travers de la gorge, avec autant de légèreté dans l’intonation que de gravité dans le ton, quant au sublimement triste « Droned », c’est un déballage tragique de tendresse qui s’emballe et se noie sous une avalanche. Dès qu'un semblant de luminosité pointe le bout de son nez ("Hazel Would") c'est pour être aussitôt effacée par une monotonie électrique traumatisante ("The Dungeon").
Au cœur de cette démonstration cafardeuse, on découvre bien vite ce que ce gênant geignement peut posséder de magique. La céleste mélodie concluant "The Zenith", les claps décontractés sur "2nd Space Song" qu’on n’attendait pas après cet orage de guitares, ou le majestueux "She Only Knows" (et ses « lalalalaaa » laconiques et épuisés) prouvent, si besoin était, la qualité d'orfèvre des compositions.
Si bien qu’on ne sait pas très bien réagir à la fin de cet album : s’émerveiller ou fondre en larme.
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