Eternal Happiness de Bang Bang Machine
Coup de coeur !
Sortie : 1994
Produit par Graig Leon
Label : Ultimate
Coup de coeur !
Sortie : 1994
Produit par Graig Leon
Label : Ultimate
Sans conteste, le groupe a réussi à
concilier les ambiances éthérées de la dream-pop au rythme infernal et au goût
pour le psychédélisme de l’ambient, initiant bon nombre de groupes par la suite
en Angleterre. « Give you anything » est superbe à ce titre : son riff méchant,
accrochant, son rythme groovy et surtout son refrain génial, avec son petit
hoquet inimitable dans le chant, sont les ingrédients d’un mélange de majesté
et de douce folie dont les effets persistent bien après l’écoute. La musique de
Bang Bang Machine est si addictive qu’on en redemande encore et encore.
Parfois épique (ah ! les neuf minutes
cosmique de « 16 years », véritable voyage à lui tout seul), souvent
épatant (« Lovely Lily »), l'album confirme le talent irrésistible de
ce groupe à marier douceur et vertige. C'est la moindre des choses lorsqu'on est
capable de tailler des hymnes survitaminés (« God based angels on
you »), tout en passant du vaporeux au virevoltant en quelques secondes et
sans vergogne. Il faut dire qu'il y a de quoi : un rythme robotique, une basse
prenante, des refrains éclatant, un mélange subtil entre le sens de l'accroche
de la pop anglaise et ce son hybride electro, des boites à rythme héritées de
la dance music et de Madchester, des guitares folles... Un véritable appel à
l’évasion et à l'hédonisme, écrite sous forte dose de LSD. La mort du punk est
contenue là, comme l'annonce d'une nouvelle ère, celle du chant de la danse et
de la futilité. Ce n'est plus qu'un tourbillon : des titres planant, dansant,
atmosphériques parfois, bourrés d’harmonies vocales de toute beauté, de rythmes
robotiques et de saturations.
Même si globalement, au travers des boites
à rythmes, Bang Bang Machine voue un culte immense à l’ivresse que peut
procurer la musique artificielle et l’univers des boites de nuits, le groupe se
love bien souvent dans une lenteur cosmique. Et que dire du chant de la
mythique Elisabeth Freeth ? Pure, légère, envoûtante, déstabilisante, grave,
cette voix de diva de la nuit nous transperce et nous chamboule. On se mettrait
à genoux devant une voix aussi sublime. C’est le cas de « A Charmed Life » où
la voix céleste de Elisabeth Freeth superpose son lyrisme à la langueur du
tempo, s’égrenant à l’aide d’une basse ronde, style reggae, et de slides
aériens. On s’abandonne et on se laisse transporter, il n’y a plus qu’à suivre
ce chant emporté, majestueux, ces éclairs de guitares saturées, ce riff répété,
ces slides rêveurs et ces « houhous ! » irrésistibles (« Technologica »), hymne
parfaite à l’hédonisme. Le monde de Bang Bang Machine, chimérique s’il en est,
est celui du refus de se plier aux exigences sempiternellement décevantes de la
réalité. En témoigne « 16 Years », qui fait référence à Stefan Kizko, accusé à
tort de l’agression et du meurtre de Lesley Molseed, fait divers sordide qui
fit les unes en Angleterre.
A noter, deux titres placés en bonus : le
single « Geek Love » en version longue, et un « Godstar », punchy et lumineux,
hommage aux Rolling Stones, reprise du groupe culte Psychic TV, pour terminer
l’album dans l’irrévérence.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe viens de me procurer le single 3 titres "Geek love" 12" ; quel choc !
Ce geek love de 9 minute, quelle tuerie ! Que c'est planant, ce chant, ces harmonies, un chef-d'oeuvre sans aucun doute !
Merci une nouvelle fois pour la qualité de vos chroniques, monsieur Vic.