10 mars 2008

Colfax Abbey : Drop


Drop de Colfax Abbey

Sortie : 1996
Produit par Keith Clerversly et Ed Ackerson
Label : Prospective Records


La musique devrait toujours ressembler au turbulent single « Snowshine » : un miracle d’emballement et de merveilleux. Une mélodie cristalline en guise de mantra tout droit sorti d’un rêve et qui nous prend par la main pour un voyage glacé mais fastueux. La légèreté des voix et la féerie de la mélodie se rajoutent au caractère divin du morceau, subtile et racé, qui semble glisser sur nous. Comme un fluide, en même temps que ces coulis de guitares sèches qu’on distingue en arrière fond et ces rivières de brouillages électriques.
Pour le reste, Colfax Abbey semble surtout vouloir dresser des panneaux entiers d’étrangeté et de nébulosité, parfois inquiétant (les percussions de « On the edge of a heathery moor »), parfois difficilement tangibles (le caractère nuageux de « Chameleon ») et souvent flottant (les passages instrumentaux qui concluent les chansons et qui ressemblent à des remous cosmiques). C’est par ces dépôts successifs, le maintien d’une cadence rythmique régulière, le refus d’élever la voix et de se l’écorcher, que Colfax Abbey approche le plus de la déification de la musique (les superbes « Feel » et « Silver Drop » où Christian Rangel se risquerait presque à forcer son chant et y laisser paraître des émotions). On s’y perdrait presque. Le groupe américain capture des instants volés de sustentation, de moments étouffés, et d’écho. On aboutit à une sorte de ressac vaguement matériel, dont le poids ne pas s’élever bien haut.
Les guitares et les voix ne s’accrochent à rien et se laissent volontairement dériver vers l’effilochement et le déplumage. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un vague passage de sons et de bruits cotonneux (le monumental « Shanesong »).
Une musique plus au service d’une atmosphère que de la concision, pour un caractère finalement très effacé malgré le bruit ambiant.

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