Providence de The Rosemarys
Coup de coeur !
Sortie : 1993
Produit par Drew Masters et The Rosemarys
Label : Continuum Records / Tribindicular
Ceux qui cherchent du bruit peuvent vite être décontenancés : on ne trouve chez The Rosemarys que des flottements et des ballottages berçant. Ce premier album regorge d’une musique jamais énervée mais louvoyant dans des eaux tranquilles, traversée de ça et là par des guitares splendides, des recours symptomatiques au piano pour venir compléter des arrangements particulièrement rêveurs, des voix virginales, loin d’être viriles, et aussi des empressements féeriques.
Coup de coeur !
Sortie : 1993
Produit par Drew Masters et The Rosemarys
Label : Continuum Records / Tribindicular
Ceux qui cherchent du bruit peuvent vite être décontenancés : on ne trouve chez The Rosemarys que des flottements et des ballottages berçant. Ce premier album regorge d’une musique jamais énervée mais louvoyant dans des eaux tranquilles, traversée de ça et là par des guitares splendides, des recours symptomatiques au piano pour venir compléter des arrangements particulièrement rêveurs, des voix virginales, loin d’être viriles, et aussi des empressements féeriques.
Teintées
de mélancolie, voire du désespoir le plus cru, les paroles résonnent d’autant
plus qu’elles s’envolent sur des airs oniriques, quelque peu majestueux, sans
se perdre non plus dans une ampleur qui leur ferait perdre leurs impacts. Tout
juste des entrelacs de piano, de guitares, de claviers et de douces voix leur
permettent-elles de s’épanouir, alors qu’elles sont parfois d’une tristesse
pesante. Pour une fois avec le shoegaze, lire les paroles est fondamental, pour
essayer de se saisir de l’insondable défaitisme qui habite les membres du
groupe. Les textes témoignent d’une peine irrécupérable : ‘’Quand je suis
dans tes bras, je me retrouve abandonné dans les rêves d’un autre’’ sur
« Collide », ‘’Toutes les larmes qu’elle a pleuré se sont
transformées en pierres jusqu’à construire un mur derrière lequel elle sera
seule’’ sur « Stonewall » ou bien ‘’Je voudrais bien ressentir ce que
tu dis, mais je ne ressens rien’’ sur « Rollercoaster »).
L’impression laissée se rapproche du détachement, les choses matérielles sont
laissés de côté et on s’abandonne à la légèreté du monde volubile que propose
The Rosemarys tout du long de Providence.
Volontiers
rêveur, sans pourtant être ennuyeux (le rythme est toujours alerte, proche de
la cold-wave, et les guitares tissent des réseaux harmonieusement tressés,
comme sur « Collide »), ce premier opus ressemble à une modeste
mélopée élégiaque. Parfois emballant et proche de Manchester
(« Spiritualized » ou « Perfect »), souvent rêveur et
luxueux (ah, le délicat piano de « Fountain » ou la plainte de
« Stonewall » à faire fondre les cœurs les plus durs). Le chant est
apprêté, ouaté et extrêmement précieux dans la douceur, laissant poindre une
légère mélancolie.
Mais
beaucoup trop soyeux et sans vigueur, comment cet album pouvait être reconnu ?
Il s’agit là d’élucubrations qui convient surtout à des étudiants en mal de
romantisme. Ce fut d’ailleurs le cas, l’album (et sa pochette psychédélique)
n’ayant eu d’attrait que pour les résidents des universités californiennes. Peu
importe, car les gens peuvent y découvrir alors tout un nouveau monde, remplis
de moments éperdus de beauté et d’emphase (« Providence » ou
l’élégiaque « Aeroplane » et ses coups de batterie appuyés). Le tout drapé d'un chagrin inconsolable.
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