14 février 2013

Morella's Forest : Super Deluxe

Super Deluxe de Morella’s Forest

Date : 1995
Production : Chris Colbert
Label : Tooth and Nail

Avec cette pochette réalisée par Thomas Wolfe (qui fera plus tard les dessins de MACHINA des Smashing Pumpkins) qui s’inspire à 100% du style de Paul McMenamin, le créateur de 4AD, notamment celui du dernier album de Pale Saints (les couleurs vives, les titres des chansons dédoublées, les lettres qui fusionnent etc.), on peut croire que cet album appartient à 4AD. D’ailleurs, à l’écoute, on est en plein dans le style shoegaze, avec des saturations sous toutes ces textures, couvrantes, pesantes, nappantes, lacérantes, crispantes, piquantes… Les petites bulles aquatiques et les maracas, sous couvert de guitares, font penser à Cocteau Twins (« Lush of spring »), la lenteur et la mélancolie font penser à Pale Saints (« Frizzle Kiss »), la basse et la frénésie punk évoquent plutôt The Breeders (« Superstar », presque riot grrrl). Bref, tout est passé en revue.
Et la confusion avec Pale Saints est encore plus grande lorsqu’on écoute la voix de Sydney Rentz, tant elle fait penser à Meriel Berham, d’autant qu’elles se ressemblent également physiquement (cheveux très courts en pour les deux). Elle sait se faire lascive par moment (« Hang Out »), à d’autres, angélique (« Wonder Boy »). Mais en tout cas toujours d’une douceur impressionnante et d’une suavité extrême, malgré les guitares.
Super Deluxe n’est pas qu’une leçon d’école. Car après une première partie avec des morceaux percutants, souvent sublimes (« Oceania »), l’album vire vers quelque chose de plus complexe, plus torturé, plus méchant (« Glowing Green »). La personnalité du groupe est encore plus visible, au cœur de ses distorsions davantage tordues, de ce rythme lent et de ces ambiances invocatoires. Le chant de Sydney se fait carrément évanescent et de fait, perdant en accessibilité, ce qu’il gagne en majesté. Surtout la formation de l’Ohio n’hésite pas à pervertir leurs adorables divagations poétiques par des grosses déferlantes de grésillements, tandis que le rythme à la batterie devient froid et impersonnel. La voix de Sydney robotisée (un peu comme faisait Swallow, autre groupe de 4AD), avant de virer sur un registre plus doux et plus clair, suscite la fascination, surtout lorsqu’arrivent ces drones (« Curl »). Une preuve que le groupe a de la ressource et de l’imagination.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire