27 février 2015

Teen Love Sex Doll : La Fleur

La Fleur de Teen Love Sex Doll

Date : 1995
Production : Ivo Heger
Label : Indies Records

On retrouve un son parfois minimaliste, contemplatif, un jeu éclaté dans le rythme (assez époustouflant dans la langueur et la souplesse), notamment avec les percussions, des bruits bizarroïdes parfois, qui serviront de mantra pour les trips, des riffs fantomatiques, toujours légers, une attitude nonchalante au chant et dans le jeu, déclinant vers une apologie de la drogue, une voix alanguie et flottante, aboulie soulignée à coup de laisser-aller instrumentaux, des distorsions sorties de l’espace. Tout ceci au service de chansons hypnotiques, de « Sun in you » à l’enlevé « Dandelion Tissue », en passant par le traînant « Mistress », véritable tour de force traversé de saturations.
La voix peut être très très légère, qui s’envole, tandis qu’on a toujours de très très petites mélodies à la guitare, qui dialoguent, pour des intros psychédéliques, avec quelques percussions, des cymbales, des guitares joués comme des harpes, une entrée en matière pour un monde de volutes, de champignons et de délires (« Rough Intermezzo »). Ainsi les distorsions et autre réverb arrivent toujours de loin, montent en puissance et finissent par arriver, mais comme si ils émergeaient d’un nuage, on dirait toujours une sorte de symphonie nébuleuse, les voix sont fatigués, légères, enfumés. Des symphonies basées sur une alternance (comme sur « All your skies is blue » et sa batterie qui roule des caisses, ces volutes de guitares) entre moments reposés, élastiques, légers, et des guitares féériques, plus cosmiques. On finit par aboutir à des échos de rêve, un aperçu du merveilleux. Parfois compliqué à suivre. Comme sur l’avant-gardiste « Gauloise Cigarette », avec ces cris, ces bruits blancs, ces chants féminins mystiques, ces coups de batterie dans le vide.
Bref, voilà une vraie curiosité, remplie d’harmonies magiques et de boucans expérimentaux, tout en faisant preuve d’une langueur psychotrope digne de cette époque tchèque. On se plonge à corps perdu dans un morceau comme « Pigs in heaven », splendide, avec ce dialogue voix masculine et voix féminines, presque d’une teneur angélique, si ce n’était en réalité sous le coup de la paresse. Le travail à la batterie, à la limite du jazz, est magnifique. Quant aux guitares, soit féériques, soit saturées pour un mur du son imposant, elles transcendent. C’est un délice dans lequel il est bon de se laisser aller, avec ou sans drogue...