27 février 2016

Fiche artiste de Amp

Amp

Encore un groupe du cercle très fermé de Bristol, les chantres de l'expérimental et du post-rock noisy. Il s'agit d'une extension dérivée de The Secret Garden, avec les ex-membres de Third Eye Foundation ou Flying Saucer Attack, très proche de Crescent ou Movietone. Toujours actif aujourd'hui, son coeur est constitué de Karine Charff au chant et de Richard Walker pour tout le reste, des guitares au sampling jusqu'au clavier en passant par la réalisation des pochettes. Expert en ambient, drone, space-rock et shoegaze, ils sont représentatif de ce que l'Angleterre peut avoir de plus avant-gardiste.

14 février 2016

Mercromina : Hulahop

Hulahop  de Mercromina

Date : 1997
Production : Fino Oyonarte
Label : Subterfuge

Ce groupe se moque gentiment du monde : ce sont des grosses guitares à tous les étages, mais chaque titre regorge de petites trouvailles qui s’immiscent discrètement, entre trompettes, clavier cheap, guitare sèche, ou riff qui tue. Au milieu de tout ça, un équilibre précaire se fait malgré tout, entre riffs distordus et gonflés à bloc d’une part, et une myriade d’inventions et de mélodies pop d’autre part. Et puis il y le chant de Joaquín Pascual qui dépasse toutes ces instruments. Il est tout dans le souffle et le râle, ce qui adoucit ses textes, les rend caressants et ce qui souligne son accent espagnol. C’est une forme de nonchalance mais elle est adorable.
Innovant et attachant, ça surprend, que ce soit sur « Japon » et son clavier ambient ou l'extraordinaire « Raspas de pez », car en réalité, sous les couches de guitares, c'est sans cesse changeant, une accélération fulgurante, un ralentissement, une cadence plus street-punk ou plus indie, une pause délicieuse et poétique, des sons riches et pourtant crades, des chants variés, entre soupir suave et refrain fédérateur, (« Rayos Uva », démarrant sur un riff rapide avant de ralentir brutalement sur des guitares splendides, du piano et un clavier), un groove intelligent mené par une batterie complètement folle et une programmation au clavier rusée et maligne.
Cela reste malgré tout un exercice pop aux guitares saturées, et on se rend compte immédiatement que le groupe est à son sommet, signant des tubes imparables, aux mélodies immédiates, comme « Hulahop » (addictif et plein de bonne humeur) ou « Espuma » (comme si Grandaddy s’était mis au shoegaze). Mais comme s’ils voulaient jouer avec l’auditeur, Joaquín Pascal et les ex-membres des Surfin’ Bichos, incrustent des intermèdes bizarres, impromptues mais magnifiques, comme des trompettes sur « Pequeña Depression » ou une déferlante après un début tout en guitare sèche et violons folkloriques sur « Una tarde ». C’est énergique et plein d’allant mais cet album n’est en fait que douceurs et sucreries.
A ce titre « En un mundo tan pequeño » est peut-être le plus représentatif du talent de Mercromina : une voix angélique sensuelle (celle de Mariá Angeles Martinez), une guitare sèche, des violons et une batterie qui se fait militaire, puis enfin arrivent un mur du son vivifiant et bruyant. Magique et fantaisiste. Joaquín Pascal prouve quel grand compositeur il est.