23 novembre 2011

Fiche artiste de Feral

Feral


Encore un groupe du label mythique, Lust Recordings ! Bon, label qui n'en a que le nom en fait, puisqu'il s'agissait plus de la lubbie de Stephen Woosh, gérant du club Woosh à Newcastle, souhaitant sortir en vinyl les chansons de ses groupes préférés, qu'il n'hésitait d'ailleurs pas à programmer en concert. Fort d'une scène locale vibrante, s'adonnant à un shoegaze sans calcul, le catalogue du label a fini par se gonfler de singles cultes : St James Infirmary, The Sunflowers, Apidistra, The Lavender Factions, The Keatons, et donc Feral, formation shoegaze attiré fortement par les drogues et la fumette.

Et ça s'entend du reste, avec ce superbe single, en 1991, démonstration magistrale de psychédélisme, sans pourtant qu'il n'y ait de suite. D'ailleurs on ne sait rien, mais absolument rien, du groupe, hormis bien-sûr qu'il était un régulier des affiches du Woosh Club les soirs de concert. En plus, le label n'a eu qu'une existence fugace, puisque Stephen Woosh, en proie à une nouvelle lubbie, a décidé soudainement de mettre la clé sous la porte, pour s'enfuir avec la guitariste de The Sunflowers. On l'aurait parait-il vu en tant que roadie de My Bloody Valentine, mais c'est comme s'il s'était volatilisé, laissant une flopée de groupes sur le carreaux et mettant fin brusquement à cette micro-scène shoegaze de Newcastle.

Culte et punk !

11 novembre 2011

Feral : Change you leaving EP


Change you leaving EP de Feral

Sortie : 1991
Produit par John Hughes
Label : Lust Recordings

Cette chanson, « Change you leaving », a tout ce qu’il faut pour être addictive : un tempo d’enfer, plein d’allant et provoquant, qui se moque du monde, de la bienséance, un chant élevé, trop doux pour être respectueux, rempli de morgue et de jeunesse, trahissant un état défoncé comme on n’oserait plus approcher aujourd’hui, ou encore, une chute de la pression jouissive, une détente osée, relâchement de sauvages junkies sûrs de leur fait, pour mieux planer.
Dès les premières secondes, ce riff crasseux, magique, aérien, aussi sale, brouillon qu’aérien, on sait qu’on ne pourra jamais décrocher de ce morceaux. Pas une seule seconde sans secouer la tête, sans admirer cet esprit inimitable, mélange dangereux de rock n’roll et d’évanescence, pas une seule note de guitare qui ne nous fasse pas taper du pied, pas une mélodie qu’on ne fredonne pas avec plaisir. L’alternance très bien sentie entre furia et repos psychédélique est absolument géniale, ça repart aussitôt, emené par des voix virginales de petits voyous, se pavanant dans des harmonies vocales d’angelots.
La guitare n’hésite pas à être mise en avant, instrument de prédilection, qui avec son riff, ses distorsions, ses solos de folie et ses circonvolutions va emmener l’auditeur très loin dans le trip. La reprise du refrain, noyé sous les guitares et saturations, n’en est que plus savoureuse. Les chœurs suaves et innocents, soulèvent de manière éhontée des mœurs d’étudiants et de pilliers de bars, des rêves pleins la tête tout comme le caleçon, et se font les charmes délicieux de ce groupe inouï, symbole de toute une frange de l’Angleterre.
Les déboulés de distorsions crasseuses achèvent l’exposition d’un état délabré, fumeux et narquois, sur « Bridge », tandis qu’un magnifique riff et un tempo langoureux, sur « Away », écrasé par une avalanche lourde et lente de guitares saturées, indique une propension à s’élever au dessus de la mélée, à vouloir éclaircir les trips, à rendre plus belles encore les choses. Le dernier morceau de cet unique EP, allie douceur et pesée, pour un voyage hypnotique de toute beauté, tordue, difficile à suivre mais si agréable à écouter, témoignage des folies, de la poésie de quelques garçons complètement shootés.
Des musiciens fiers, défoncés, talentueux, qui du fin fond de leur pub préféré de Norwitch secoueront le monde. Cet EP, qui restera au final leur unique témoignage, hypnotise comme il séduit. On ne cesse d’écouter « Change you leaving », cet hymne génial, de le réécouter et de le réécouter encore pour l’entendre se finir sous des crachats de guitares, puis cette toute petite mélodie qui s’extrait du maelstrom, tandis que les amplis résonnent encore…

Fiche artiste de Antiseptic Beauty



Antiseptic Beauty

Délocalisé sur la carte du rock indé en Angleterre, le groupe Antiseptic Beauty, originaire de Derby (East Midlands), n'a jamais eu ni la reconnaissance, ni le rayonnement nécessaire pour se faire connaître davantage.
Habitués aux bars de leur ville de Egginton, le groupe a d'abord été influencé par le mouvement C-86 et l'indie pop. D'ailleurs leur nom est un clin d'oeil à Felt, qui avait signé un album au titre : "Crumbling the antiseptic beauty", Lawrence étant réputé pour être particulièrement maniaque avec l'hygiène. Puis plus tard, ils se sont orientés vers un style plus dur, plus psychédélique aussi, comme avec "Skyward", une chanson qu'ils ont publiés sur la compilation LE 1, rassemblant d'autres artistes du Midlands en 1993. CLAG magasine, une revue locale, leur consacre alors un article.
C'est Stephen Lawries qui les remarque, grâce aux similitudes avec le style des Telescopes, et se propose pour produire leurs chansons. Ainsi quelques singles et un album éponyme sortiront sur divers labels obscurs européens.
Depuis leur séparation en 1996, il est aujourd'hui quasiment impossible de mettre la main sur leurs albums.

2 novembre 2011

Antiseptic Beauty : Rising EP




Rising EP de Antiseptic Beauty

Sortie : 1993
Produit par Stephen Lawrie
Label : A Turnable Friend

Chouchouté par Stephen Lawrie, le leader des Telescopes, qui a décidé de produire ce maxi de cinq titres, le groupe de Derby propose une musique psychédélique et shoegaze qui ressemble fort… aux Telescopes.
On retrouve ainsi un son pouilleux, étouffé, un jeu éclaté à la batterie, notamment avec les cymbales, qui serviront de mantra pour les trips, des riffs compliqués, toujours légers, une attitude nonchalante au chant et dans le jeu, déclinant vers une apologie de la drogue, une voix alanguie et flottante, aboulie soulignée à coup de laisser-aller instrumentaux, de dialogues de riffs. Tout ceci au service de chansons hypnotiques, de « Illumate Me » à l’enlevé « Good to be gone », en passant par le traînant « Love run dry », véritable tour de force.
La voix peut être très très légère, qui s’envole, tandis qu’on a toujours de très très petites mélodies à la guitare, qui dialoguent, pour des intros psychédéliques, avec quelques percussions, des cymbales, des guitares joués comme des harpes, une entrée en matière pour un monde de volutes, de champignons et de délires. Ainsi les distorsions et autre réverb arrivent toujours de loin, montent en puissance et finissent par arriver, mais comme si ils émergeaient d’un nuage, on dirait toujours une sorte de symphonie nébuleuse, les voix sont fatigués, légères, enfumés. Des symphonies basées sur une alternance (comme sur « Rising » et sa batterie qui roule des caisses, d’ailleurs au passage, très bon travail à la batterie) entre moments reposés, souples, légers, et des saturations plus enlevés, plus rock n’roll. Des solos démarrent à partir de tempêtes pour de longues divagations dark, aussitôt ralentis dans leur élan par le tempo alangui, tranquille et assez élastique. On finit par aboutir à des échos de rêve, un aperçu du merveilleux. On sent bien l’influence de Stephen Lawrie à ce niveau-là.
Bref, voilà une vraie curiosité, remplie d’harmonies magiques et de boucans expérimentaux, tout en faisant preuve d’une langueur psychotrope digne de cette époque, avec The Verve, Spacemen 3 ou Starlings. Malheureusement ce maxi est extrêmement rare, voire introuvable. C’est cependant un délice dans lequel il est bon de se laisser aller, avec ou sans drogue...