11 novembre 2011

Feral : Change you leaving EP


Change you leaving EP de Feral

Sortie : 1991
Produit par John Hughes
Label : Lust Recordings

Cette chanson, « Change you leaving », a tout ce qu’il faut pour être addictive : un tempo d’enfer, plein d’allant et provoquant, qui se moque du monde, de la bienséance, un chant élevé, trop doux pour être respectueux, rempli de morgue et de jeunesse, trahissant un état défoncé comme on n’oserait plus approcher aujourd’hui, ou encore, une chute de la pression jouissive, une détente osée, relâchement de sauvages junkies sûrs de leur fait, pour mieux planer.
Dès les premières secondes, ce riff crasseux, magique, aérien, aussi sale, brouillon qu’aérien, on sait qu’on ne pourra jamais décrocher de ce morceaux. Pas une seule seconde sans secouer la tête, sans admirer cet esprit inimitable, mélange dangereux de rock n’roll et d’évanescence, pas une seule note de guitare qui ne nous fasse pas taper du pied, pas une mélodie qu’on ne fredonne pas avec plaisir. L’alternance très bien sentie entre furia et repos psychédélique est absolument géniale, ça repart aussitôt, emené par des voix virginales de petits voyous, se pavanant dans des harmonies vocales d’angelots.
La guitare n’hésite pas à être mise en avant, instrument de prédilection, qui avec son riff, ses distorsions, ses solos de folie et ses circonvolutions va emmener l’auditeur très loin dans le trip. La reprise du refrain, noyé sous les guitares et saturations, n’en est que plus savoureuse. Les chœurs suaves et innocents, soulèvent de manière éhontée des mœurs d’étudiants et de pilliers de bars, des rêves pleins la tête tout comme le caleçon, et se font les charmes délicieux de ce groupe inouï, symbole de toute une frange de l’Angleterre.
Les déboulés de distorsions crasseuses achèvent l’exposition d’un état délabré, fumeux et narquois, sur « Bridge », tandis qu’un magnifique riff et un tempo langoureux, sur « Away », écrasé par une avalanche lourde et lente de guitares saturées, indique une propension à s’élever au dessus de la mélée, à vouloir éclaircir les trips, à rendre plus belles encore les choses. Le dernier morceau de cet unique EP, allie douceur et pesée, pour un voyage hypnotique de toute beauté, tordue, difficile à suivre mais si agréable à écouter, témoignage des folies, de la poésie de quelques garçons complètement shootés.
Des musiciens fiers, défoncés, talentueux, qui du fin fond de leur pub préféré de Norwitch secoueront le monde. Cet EP, qui restera au final leur unique témoignage, hypnotise comme il séduit. On ne cesse d’écouter « Change you leaving », cet hymne génial, de le réécouter et de le réécouter encore pour l’entendre se finir sous des crachats de guitares, puis cette toute petite mélodie qui s’extrait du maelstrom, tandis que les amplis résonnent encore…

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