10 décembre 2011

Lulabox : Lulabox


Lulabox
Coup de coeur !

Sortie : 1993
Produit par Ray Shulman
Label : Radioactive
De prime abord, et surtout à l’écoute d’un titre tel que « Ride On », la comparaison avec Curve est immédiate, tant la musique de ces deux formations se ressemble. On va retrouver ce même tempo dynamique, basé sur les breakbeats, cette même batterie synthétique, ces guitares à fond, mordantes et en multi-couches, et bien sûr, cette voix grave, profonde, féline et sexy en diable.
Version clonale de Curve, Lulabox recycle ainsi le shoegaze, l’indus et l’électro, et le fait admirablement bien ! Certains titres sont de véritables cartons, comme « I believe », frondeur, effréné, avec un refrain qui trotte dans la tête pour longtemps, et qui donne envie de se secouer comme jamais. Ou comme l’irrésistible « Prayer for rain » qui ne contient aucun raté mais uniquement des parts de rêve. Malgré le côté étouffé, cette concentration et ces multiples intrusions samplées et futuristes, le son de Lulabox génère un chaos parfaitement maîtrisé, calculé et précis. C’est par-dessus cet amas sans compromis que s’envole la voix délicieusement craquante de Mary Cassidi, notamment sur « Love Street », au refrain ouvert, chaloupé et chaleureux, ponctuant une sinuosité toute funky et éthérée.
C’est d’ailleurs ce qui distinguera (si tant est qu’on puisse faire une distinction) la formation de Londres de Curve. L’album parait plus ouvert, laisse plus la place au mid-tempo, se fait moins cathartique et agressif mais plus dans la finesse, la rondeur. La voix extraordinaire de Mary Cassidi peut ainsi tout aussi bien descendre dans les octaves comme susurrer à la manière d’une jeune fille indienne.
On assiste ainsi à des démonstrations de finesse inégalées, où l’artificiel rend service au charme et à la grâce. Que dire de « Ivory Hill », un des meilleurs titres, avec ce riff merveilleux de Michael Cozzi descendu du ciel, la voix langoureuse de vamp, matinée de coups de guitares, de pédales wah-wah aussi tranchantes que des lames ? Que dire de la réussite tout aussi étrange qu’envoutante « Chocked » ? Noire ébène, inquiétante, plus alanguie mais aussi plus groovy, avec des réminiscences orientales, avec ce refrain presque miaulé comme une chatte, et traversé de guitares directement sorties d’une aciérie, avec cette grâce confondante, un vrai trésor.
La fuite en avant opérée par les machines qui gèrent le rythme provoque une ambiance dansante et abrutissante. Le mariage avec un chant cajoleur et un sens étourdissant pour les mélodies vocales et les refrains éclatants, n’en est que plus savoureux. Dur à percer, sans cesse bringuebalé par les guitares, le son de Lulabox est à l’image de « Wild Cherry Nark » ou des saturations de « Precious Thing », c’est à dire tourbillonnante.
Du coup l’album se révèle foisonnant, incroyablement dense, et toujours sur la corde raide, quelque part en l’agression et la séduction, soufflant le chaud comme le froid.

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