26 août 2011

Sunbear : S/t


Sunbear

Sortie : 1994
Produit par Marc Carollan
Label : Dead Elvis

Enregistré dans un studio pour seulement quelques centaines de livres, par une bande de gamins fasciné par Pale Saints et qui jusqu’alors n’avait fait guère autre chose que d’écumer les bars de Dublin, ce premier album éponyme est malgré tout un miracle de fraîcheur, d’apaisement et de trouvailles.
A en croire le merveilleux « Notebook », qui commence l’album, reposé, travaillé, avec un superbe rythme souple et élastique ou encore des guitares aquatiques, on réalise une volonté de la part de ces jeunes de surprendre, de se chercher leur propre style, de trouver le petit truc qui va les détacher. Les guitares furieuses de « Resign » ou « Sleepy feeling » donnent une couleur très américaine, en tout cas renforcent un tourbillon qui n’hésite pas à s’interrompre pour mieux reprendre. Ce côté dur, un peu foutraque, on le note aussi sur « Things to do », vibrant et énergique. Sunbear se revendique ouvertement de ses influences shoegaze, voire même noise/hardcore comme certains autres groupes irlandais (Pet Lamb, Wormhole, et d’ailleurs les hurlements de l’obscur « Flave » seront comme une sorte de clin d’oeil), les saturations seront particulièrement mises en valeur sur certains morceaux, le chant s’échinera à rester doux, mais grâce à l’apport de leur producteur Marc Carollan, ils réussiront à dépasser cette condition et à y mettre une part de magie toute particulière.
Par exemple, en incluant des guitares sèches, pour de sublimes morceaux romantiques, où les voix, dédoublements de chœurs et mélodies ouatées feront merveilles (« Flutterbye ») ou encore en transformant les guitares en longs chants de baleines plaintifs (« Songs for saying goodbye »).
On aurait pu s’attendre à des morceaux sans prise de risque, juste brouillons, histoire de mettre en boite l’ambiance déchainée et juvénile des concerts. Ce ne sera pas le cas. En fait Sunbear osera même quelques expérimentations : « Center Page » est ainsi très étrange, constitué de nappes magiques et d’enregistrements radios brouillées, comme venus de l’espace.
« Something to dream of » est une véritable merveille : débutant par des mélodies cristallines à la guitare, soutenue par un rythme à la batterie imposant, une basse géniale puis écrasé par des saturations inopinées et tremblotantes, ce morceau démontre tout l’étendu du talent de ces quatre jeunes irlandais. Alternant instant de rêve puis imposante furia sonore, il sidère et ensorcèle. Dire que Sunbear n’a jamais obtenu de succès au-delà des bars qu’il fréquentait ! La scène de Dublin, à laquelle il participait, est restée malheureusement trop confidentielle, et c’est une vraie chance inespérée que de pouvoir un jour tombé sur les violons déchirant de ce « Something to dream of », petite touche finale inattendue mais adorable.
Et c’est cela qu’il y a de miraculeux avec ce premier album, c’est qu’on aura beau le débusquer parmi une scène confidentielle de Dublin, il contiendra toujours pas mal de surprises.

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