21 août 2011

Sunbear : Bits and pieces EP


Bits and pieces EP de Sunbear

Sortie : 1996
Produit par Joe Chester
Label : Dead Elvis

Si Sunbear, avec un très bon premier album, était un groupe culte, splendide pillier de bar dans les rues de Dublin, les quelques chansons de cet EP vont plus loin. Elles démontrent une volonté de ne pas de cantonner à un seul style, le shoegaze en l'occurence.
Les guitares saturées et lourdes déboulent toujours après des petites coupures plus acoustiques, cependant on sent des tendances à lorgner du côté du rock indépendant américain, probablement une attirance trop irresistibles pour ces jeunes garçons curieux avant tout de nouveaux sons. Une manière pour eux de s'évader des quartiers populaires et tristes de Dublin, trop souvent délaissés en matière de musique.
Capables de s'extasier à l'idée de faire la première partie de Sebadoh, on comprend alors pourquoi on retrouve ce style si particulier sur "Bits", folk crasseux et déglingué, qui s'était ouvert sur une intro expérimentale, piano fatigué, violon désacordé, vieille boite à musique (certainement fabriquée avec des clous et une lame de rasoir), et qui se termine sur des guitares saturées merveilleuses. Mais en plus de Sebadoh ou Pavement, Sunbear inclue à son shoegaze d'autres influences, comme Sunny Day Real Estate, son côté émotif, à fleur de peau et ses surenchères de guitares et de cassures de rythmes, qui a lancé les bases de l'emo. C'est sur "Leadbelt", superbe morceau, qu'on va noter cette marque. A l'inverse, "Each of their town", presque une antithèse, se fait plus calme, presque hâché, minimaliste, puisque ne subistent plus qu'une voix blasée et usée, et un piano. Sur ce titre mélancolique et depressif, on devine cette fois-ci des allusions à Swell ou Codeine, chantres du sadcore.
Ce n'est presque plus du shoegaze à ce niveau-là, effacé par une recherche de l'émotion, et dont les vestiges sont à retrouver sur "Seeing Stars", plus classique dans sa forme, avec cette alternance de guitares élégiaques et de guitares lourdes, ces voix légères, qui se dédoublent lors du refrain, et ses magnifiques déferlantes tremblotantes.
On remarque bien que sur cet EP, le groupe irlandais entame une démarche d'ouverture. L'annonce est alléchante car on connait les quatre garçons ouverts à d'autres styles, mais ne sera jamais concrétisé, puisque le groupe observera un hiatus de quatre ans, avant un autre EP, puis une séparation définitive. Dommage car il aurait été interessant de voir vers quoi tout cela menait.

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