19 avril 2011

Röövel Ööbik : Popsubterranea


Popsubterranea de Röövel Ööbik

Sortie : 1992
Produit par Ari Vaahtera
Label : Stupido Records


Ce qu’il y a d’extraordinaire avec ce groupe, c’est que le rythme ne faiblit jamais : quasiment toujours à fond les manettes !
Pour beaucoup, la formation estonienne a été la bande-son d’une jeunesse débridée, tout juste libérée et insouciante. Avec ce premier album, Röövel Ööbik condensera guitares noisy, rythmique de déjanté, envie démangeante de se déhancher et exubérance. Le ton volontairement pressé et remuant sur la plupart des titres se charge de tout faire valdinguer et on se prend vite au jeu. Au jeu de quoi ? Celui de remuer dans tous les sens, de franchir tous les interdits, d’oser toutes les envies, comme l’ont fait de nombreux jeunes estoniens à l’époque.
Röövel Ööbik incarne cette jeunesse, génération de la « Révolution Chantante », et son envie de faire la fête. Avec ses titres supersoniques comme « The best of fantasy and science fiction », au beat dansant, aux saturations ébouriffantes, aux distorsions qui se répondent en écho, au chant pas très soigné mais doux, allégé et fédérateur, ou comme « Sports and games », finalement presque punk, cet album est un manifeste nerveux, empressé et hédoniste.
Là où le groupe est sans conteste génial, c’est par son absence totale de sérieux. Seule demeure la curiosité de tester de nouvelles tendances, à l’image des samples du groovy « Equalized Evil Envious Eyes », des prêches de sauvageons et des pédales wah-wah de « Finger on the trigger, transfigured » ou des bizarreries post-punk de « Well I welcome ». L’ensemble sera recouvert par un immense mur du son de saturations et autres distorsions. C’est un peu comme si les membres du groupe ne savaient pas se retenir et lâchaient les brides en bon adolescents crétins qu’ils sont.
Non seulement cet album est une référence pour le rock estonien, surtout pour son importance historique, mais la sauce prend, cette espèce de mélange indéfinissable entre Escatsy of Saint Theresa et Ned’s Atomic Dubstin est un vrai bonheur, qu’on écoute d’une traite, du début à la fin. « Komil Kapital Kaput » (notez au passage que les titres sont toujours de vraies pépites) possède des arpèges à la guitare sèche à se damner, saupoudrés de saturations, jusqu’à une déferlante totale et secouante. « Practicaly perfect in every way » porte très bien son nom, avec ce passage ralenti magnifique, quelque peu allumé et rêveur, au milieu de cette fronde de jeunes écervelés. Probablement le meilleur morceau. A moins que ce ne soit « Pull Push (Storyteller is dead) », tout bonnement magique, un shoegaze scindé en deux, avec une première partie miraculeuse et indus, au texte parlé et/ou susurré, et une deuxième partie délaissée des saturations et devenue pour le coup adorable, gracieuse et époustouflante.
Ecouter cet album (aujourd'hui réédité), c’est se replonger aussitôt dans cette ambiance, encore intacte et préservée, celle où tout était permis.

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