10 mars 2010

February : Even the night can't tell you from a star


Even the night can't tell you from a star de February

Sortie : 1996
Produit par Richard Werbowenko


Comment rendre une musique irréelle ? Comment détacher des chansons d’une prise directe avec un schéma classique et organique ? Comment réussir le tour de magie de faire disparaître l’impression de musiciens ?
Le travail de February, encore brouillon sur ce premier maxi, mais envoûtant, consistera à supprimer les repères et les codes en matière de pop-rock pour aboutir à la troublante sensation d’avoir à faire à un univers délié, volubile et quelque part fantasmagorique. Le rythme se révélera très langoureux ou répété en boucle, à la manière de l’electro, tandis que les guitares perdront de leur clarté au profit de longues traversées saturées, rêveuses et merveilleuses (le superbe « Afterglow »), plus de riffs clairs visant à développer une succession de couplet et à soutenir des refrains, mais au contraire des nappes flottantes et brouillant le message dans une sorte de volupté artificielle. C’est le tempo hypnotique et proche du monde des DJs qui s’occupera de créer une certaine langueur qui traverse tout l’album. Langueur évidemment renforcée par la voix suave, douce et ensorcelante de Amy Turany, qui éclate avec une classe incroyable tous les morceaux, qu’ils soient entraînant (« That Girl » et sa baisse de rythme géniale sur la fin) ou plus lancinant (le ralenti et angélique « Comfy » qui se charge progressivement de saturations).
Le décalage avec le simplicité terrestre et les mœurs habituelles se fait tel qu’on a le sentiment d’entendre là un shoegaze particulièrement rêveur, qui se laisserait totalement aller, à tel point d’ailleurs qu’on arrive sur une musique totalement envoûtante, calme, reposée, comme sur le titre éponyme concluant ce maxi, où la basse se fait plus douces, les guitares tombent en pluie d’or, le chant est somnolant, les montées de fièvres rapides et écourtées brutalement, avant de céder la place à un piano léthargique et de la friture sur les bandes audio, qui s’éternisent.
Cette irréalité aboutit à un sommet, une vraie perle, « Angel Bomb », trésor de ce maxi, où la voix de Amy Turany fait des ravages, le rythme envoûte et le xylophone confère une dose de magie irrésistible, et qui naturellement se termine sur un passage doucereux et onirique.

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