18 mars 2017

Fiche artiste de The Suncharms



The Suncharms

"On veut être le premier groupe à jouer sur la lune [i]" affirmait, hilare, John Malone, le guitariste du groupe, à un journaliste venu écouter LA nouvelle formation venue de Sheffield en cette année 1991, époque où le shoegaze envahissait les pages de la presse. Au lieu de ça, The Suncharms se contenta de sortir deux singles, sur le label Wilde Club (celui qui aura lancé Catherine Wheel) avant de disparaître de la circulation. Pourtant au moment de leur formation à Sheffield, Marcus Palmer (chant), John Malone (guitare), Chris Ridley (batterie), Richard Farnell (basse) et Matt Neale (guitare), pensaient conquérir le monde. "Nous pensons qu'un bon album provoque des émotions : tristesse, joie, peu importe. Et c'est ce que nous faisons.[ii]" Effectivement c'est ce qu'ils faisaient, brassant des influences larges. "Regardez tous ces groupes, Moose, Slowdive, Chapterhouse, chacun possède les mêmes disques que les autres ![iii]" critiqueront-ils, fiers de leurs influences allant de Hendrix ou Pale Saints à Ultra Vivid Scene en passant par les saugrenus West Coast Pop Art Experimental Band. Même si bien-sûr, tout cela n’était que de la posture pour tenter maladroitement de se démarquer. Bien des années plus tard, Richard Farnell avouera avoir été bercé par les mêmes groupes que tous les shoegazers : « On était très influencé par le C-86, cette compilation qui regroupait beaucoup de nos groupes favoris. Marcus et moi-même, on était influencé par des groupes comme The Pastels, Sea Urchins, Field Mice, Wolfhounds, McCarthy, mais dans le même temps Pale Saints et My Bloody Valentine débarquaient à cette époque et nous ont chamboulés[iv]»
Ils seront pris en charge par Barry Newman, le patron de Wilde Club à Norwich, celui qui aura donné une chance à ces petits groupes shoegaze provinciaux. Un processus qui s’est fait naturellement comme cela se faisait à l’époque. Culotté le groupe a juste tenté sa chance. « On était très naïf comme tous les groupes indie des années 80/90. On a envoyé quelques démos et on a croisé nos doigts. Un bon ami à nous, Marcus, avait acheté le premier single de Catherine Wheel et noté pour nous l’adresse du label (…) Honnêtement Wilde Club ont été les premiers à nous appeler. [v]» Mais comme chacun sait, le label n’a pas les finances pour un album et il faudra se contenter de deux EPs.
Cela ne suffira pas, et après une session chez John Peel, The Suncharms n'existera plus dès 1993, et ce sans avoir sorti le moindre album. Richard n’arrive même plus à se souvenir comment ils se sont séparés : « Je pense que c’est parti en sucette vers 1993 quand les membres du groupe ont déménagé, ont changé de carrière, se sont mariés etc. et je pense qu’on a commencé à côtoyer des amis pas vraiment connectés au groupe. Je suppose que sans contrat de label (pour un album), on a perdu la motivation.[vi] »
On retiendra d'eux cependant cette interview extraordinaire dans le NME, au cours de laquelle, sans vergogne et avec une morgue éhontée, ils osaient affirmer être la nouvelle sensation rock. "Quand vous écoutez un autre groupe, vous vous dites, si seulement ils avaient ce petit truc en plus. Et bien nous on essaye de prendre ce petit truc en plus pour l'importer dans nos chansons[vii]".
Sacré Marcus ! Tu nous manques.




[i] John Malone cité par Jonny Tatcher sur NME, 13 juillet 1991, [en ligne] http://drmango.net/birdpoo/sun/sunch_on.htm
[ii] Idem
[iii] Idem
[iv] Interview de Richard Farnell par Cloudberry Records, 19 septembre 2011 [en ligne] http://www.cloudberryrecords.com/blog/?p=1424
[v] Idem
[vi] Idem
[vii] John Malone cité par Jonny Tatcher, op. cit.

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