18 septembre 2008

Fiche artiste The Curtain Society



The Curtain Society

Un des premiers groupes shoegaze américain, formé dès 1988, mais qui aura mis longtemps avant de publier un album, encore que celui-ci résulte plutôt de la récupération de démos. C’est que Roger Lavallee, l’homme à la tête du groupe, aime passer du temps en studio, trouver un son qui sorte de l’ordinaire, retravailler les textures de guitares, à une époque où il était pionnier en la matière. Et puis l’homme n’est pas franchement fan des prestations en live, du moins dans sa configuration classique, en vogue à l’époque, c’est-à-dire dans des petites salles punk. Lui rêve d’autres choses : « Je pense que notre musique est trop bruyante pour des petites salles, on ne peut pas faire quelque chose de raffiné. Le public [qu’on y trouve] ne veut pas de raffinement. Ils veulent se bourrer la gueule et passer un bon moment et est-ce qu’on peut les blâmer ? Beaucoup de choses qu’on fait est plus subtil et j’aime m’imaginer pouvoir faire un spectacle théâtral sans avoir à m’ajuster à quiconque, juste sortir un truc onirique »[i].
Mais au début, il tâtonne. C’est l’arrivé de Ron Mominee et surtout le batteur Duncan Arsenault, pas uniquement un batteur, mais un homme toujours réfléchi, qui a donné le style au groupe : « Duncan a injecté beaucoup d’esprit pop à nos chansons. Et la combinaison des guitares saturées et de ce qu’il faisait, ça a donné quelque chose de très soigné. On a des pop songs mais on maintient le côté expérimental, pour obtenir une texture sonore très éthérée »[ii].
Le groupe californien deviendra à ce titre un des premiers (si ce n’est LE premier) à s’exercer dans le shoegaze, un mouvement incongru venu tout juste d’Angleterre. Roger dira : « J’admettrais personnellement que j’ai été particulièrement frappé par Mezcal Head de Swervedriver, In Ribbons de Pale Saints et Ferment de Catherine Wheel, en 1992 »[iii]. D’ailleurs, ils partageront avec eux une tendance fâcheuse à vouloir éviter la lumière des projecteurs. A propos de la timidité : « Au lieu d’être tout le temps déprimé et triste et replié sur moi-même, je mets tout ça en chanson. Je ne suis pas le genre de personne à rentrer en conflit ouvert avec toute personne qui m’énerve ou qui m’a brisé le cœur. Au lieu de faire ça, je préfère utiliser cette inspiration pour composer. Je pense que nous trois, on a des fantômes qu’on essaye de chasser. Si on ne le faisait pas, on péterait un câble... »[iv].
Pas étonnant dès lors qu'ils aient mis si longtemps avant de publier leur véritable premier album en 1996 (après un mini l'année d'avant), pourtant plutôt bien accueilli par la critique. Mais que de temps écoulés jusque là ! Il aura eu raison de la cohésion du groupe. 
Ce fut encore le silence pendant plusieurs années, le trio essayant de chercher de nouvelles pistes musicales. Le fruit de ce travail de l’ombre paraîtra sous la forme d’un EP en 1999, « Volume, Tone, Tempo », qui sera aussi le dernier pour le label indie. Bedazzled mettra la clé sous la porte en 2000, non sans avoir fait découvrir auparavant des groupes gothiques comme Siddal et Mistle Thrush ou shoegaze comme An April Marsh et Viola Peacock, avec qui The Curtain Society avait l’habitude d’aller en tournée.
C’est sur Orcaphat Records que le trio rebondira en 2005, avec l’album « Every Corner of the Room », plus personnel mais aussi plus rock que les précédents, à tel point que Roger Lavalee avouera ne « pas se reconnaître en s’écoutant ».
Depuis, The Curtain Society semble recommencer avec ses périodes d’inactivités, sans qu'on n'ait d'annonces officielles de leur rupture.



[i] Roger Lavallee cité par Mark J. Cadigan, sur Worcester Magazine, 18 septembre 1996, [en ligne] http://www.gweep.net/gima/tcs/articles/womag3.html
[ii] Idem
[iii] Interview de Roger Lavallee sur Worcester Magazine, 6 avril 2006, [en ligne] http://curtainsociety.com/2006/04/womag-interviews-roger/
[iv] Roger Lavallee cité par Mark J. Cadigan, sur Worcester Magazine, 18 septembre 1996, [en ligne] http://www.gweep.net/gima/tcs/articles/womag3.html




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