1 avril 2008

Bang Bang Machine : Eternal Hapiness

Eternal Happiness de Bang Bang Machine

Coup de coeur !


Sortie : 1994
Produit par Graig Leon
Label : Ultimate


Sans conteste, le groupe a réussi à concilier les ambiances éthérées de la dream-pop au rythme infernal et au goût pour le psychédélisme de l’ambient, initiant bon nombre de groupes par la suite en Angleterre. « Give you anything » est superbe à ce titre : son riff méchant, accrochant, son rythme groovy et surtout son refrain génial, avec son petit hoquet inimitable dans le chant, sont les ingrédients d’un mélange de majesté et de douce folie dont les effets persistent bien après l’écoute. La musique de Bang Bang Machine est si addictive qu’on en redemande encore et encore.
Parfois épique (ah ! les neuf minutes cosmique de « 16 years », véritable voyage à lui tout seul), souvent épatant (« Lovely Lily »), l'album confirme le talent irrésistible de ce groupe à marier douceur et vertige. C'est la moindre des choses lorsqu'on est capable de tailler des hymnes survitaminés (« God based angels on you »), tout en passant du vaporeux au virevoltant en quelques secondes et sans vergogne. Il faut dire qu'il y a de quoi : un rythme robotique, une basse prenante, des refrains éclatant, un mélange subtil entre le sens de l'accroche de la pop anglaise et ce son hybride electro, des boites à rythme héritées de la dance music et de Madchester, des guitares folles... Un véritable appel à l’évasion et à l'hédonisme, écrite sous forte dose de LSD. La mort du punk est contenue là, comme l'annonce d'une nouvelle ère, celle du chant de la danse et de la futilité. Ce n'est plus qu'un tourbillon : des titres planant, dansant, atmosphériques parfois, bourrés d’harmonies vocales de toute beauté, de rythmes robotiques et de saturations.
Même si globalement, au travers des boites à rythmes, Bang Bang Machine voue un culte immense à l’ivresse que peut procurer la musique artificielle et l’univers des boites de nuits, le groupe se love bien souvent dans une lenteur cosmique. Et que dire du chant de la mythique Elisabeth Freeth ? Pure, légère, envoûtante, déstabilisante, grave, cette voix de diva de la nuit nous transperce et nous chamboule. On se mettrait à genoux devant une voix aussi sublime. C’est le cas de « A Charmed Life » où la voix céleste de Elisabeth Freeth superpose son lyrisme à la langueur du tempo, s’égrenant à l’aide d’une basse ronde, style reggae, et de slides aériens. On s’abandonne et on se laisse transporter, il n’y a plus qu’à suivre ce chant emporté, majestueux, ces éclairs de guitares saturées, ce riff répété, ces slides rêveurs et ces « houhous ! » irrésistibles (« Technologica »), hymne parfaite à l’hédonisme. Le monde de Bang Bang Machine, chimérique s’il en est, est celui du refus de se plier aux exigences sempiternellement décevantes de la réalité. En témoigne « 16 Years », qui fait référence à Stefan Kizko, accusé à tort de l’agression et du meurtre de Lesley Molseed, fait divers sordide qui fit les unes en Angleterre.

A noter, deux titres placés en bonus : le single « Geek Love » en version longue, et un « Godstar », punchy et lumineux, hommage aux Rolling Stones, reprise du groupe culte Psychic TV, pour terminer l’album dans l’irrévérence.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je viens de me procurer le single 3 titres "Geek love" 12" ; quel choc !
    Ce geek love de 9 minute, quelle tuerie ! Que c'est planant, ce chant, ces harmonies, un chef-d'oeuvre sans aucun doute !

    Merci une nouvelle fois pour la qualité de vos chroniques, monsieur Vic.

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