25 mars 2008

The Boo Radleys : Learning to walk


Learning to walk de The Boo Radleys

Coup de coeur !

Sortie : 1993
Produit par : Rudi, Alan Moulder et The Boo Radleys
Label : Rough Trade


Fort du succès critique de "Giant Step", les liverpuldiens sont au sommet de leur art. Dans la foulée, Rough Trade fait paraître « Learning to walk » qui revient sur les débuts du groupe.
Figurent sur cette compilation, les trois premiers EPs (« Kaleidoscope », « Every Heaven » et « Boo ! ») qui sont sortis entre 1990 et 1991.
Et dire que Martin Carr les a jugé de mauvaise qualité !
Pour un coup d’essai, ces chansons sont tout bonnement incroyables ! Virevoltantes, dynamiques, punchy et pleines de rebondissements, c’est à peine si on n’en sort pas chamboulé.
The Boo Radleys savait déjà à l’époque créer un électro-choc mélodique et leurs compositions n'étaient souvent que des aires de décollage pour un voyage lointain dans les déferlantes noisy. Leur son primitif, concentré et violent, les guitares en cascades, la voix éthérée et douceâtre de Sice, renversent tout de manière frontale. Le groupe n’a pas peur de faire du bruit et même beaucoup comme sur « Kaleidoscope », tout bonnement complètement fou avec sa basse énorme et ses saturations sans fins. L’ouverture de « Aldous » est magique avec ses accords à la basse et à la guitare sèche qui vont être noyé sous une avalanche féerique de saturations et de solos. Quant à « The Finest Kiss », une de leur meilleure chanson, on retrouve un rythme carré, mais qui laisse suffisamment de place pour des circonvolutions inattendues à la guitare brouillée et crasseuse. Et que dire de « Tortoiseshell » ? La voix de Sice semble venir d’ailleurs tant elle dénote par sa suavité au milieu de cette ambiance si saturée qu’elle en devient presque arabisante.
"Learning To Walk" mérite le détour. Sans doute parce qu'il est plus direct, plus brut que les albums qui suivront. On retrouve une combinaison géniale de nerfs et de cérébralité, de psychédélisme (à noter les reprises de "Alone Again Or" de Love et de "Faith" de New Order, interprétées lors des John Peel's sessions et passées sous le mixer) et de vivacité, le tout enrobé dans un certain laisser-aller et d'une préférence pour les explosions fracassantes. Le mur de reverb' est effrayant: les guitares et la basse se taillent la part du lion et les pédales d'effets forment un orchestre à part entière. Ça sonne comme une tornade, avec ses baisses imprévues de souffle et ses reprises de vigueur dévastatrices. A l’instar de l’extraordinaire « How I feel », avec sa structure en tiroir, qui commence par une paresseuse mélodie parasitée jusqu’à noyer le chant avant de se suspendre dans une détente céleste. Une pause puis ça explose : un déluge de fracas inouï ! Et alors sorti de ce marasme, quelques arpèges et puis surtout, surtout, un jeu à la basse de toute beauté, et la chanson laisse place à un final de saturations et de voix angéliques qu’on distingue à peine. Epoustouflant !
Le groupe fait déjà preuve d’un sens de la composition, avec l’emploi de mélodies superbes et efficaces (« Bluebird ») mais aussi l’apport de guitares sèches (« Everybird » ou le superbe « Foster’s Van ») Tout en sachant rester magique et enchanteur : le divin « Naomi » fait basculer dans un autre monde. Sice Rowbotton peut bien continuer à réciter, on est déjà renversé. En plaçant des arias esthétiques sur un empilement sonore, la bande de Liverpool ose apporter un vent de fraîcheur vigoureux à la pop spatiale.
Exprimant à grand coup de butoir et de nonchalance électrique un talent hors norme, le groupe se place d’emblée au dessus de la mêlée.The Boo Radleys impose leur loi, une nouvelle, celle du bruit, de la fureur. En espérant que ces parasites sonores couvrent suffisamment la délicatesse qui les habite.

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