Fudge
Il était difficile, voir impossible, pour un groupe tel que Fudge, de s’imposer dans une ville comme Richmond où la seule musique qui s’écoutait depuis la fin des années 80 était du métal. Surtout lorsqu’on se dit fans du label Sarah Records.
Il était difficile, voir impossible, pour un groupe tel que Fudge, de s’imposer dans une ville comme Richmond où la seule musique qui s’écoutait depuis la fin des années 80 était du métal. Surtout lorsqu’on se dit fans du label Sarah Records.
« C’était
bizarre de faire de la pop à cette époque. On était vraiment considéré comme
des poules mouillées » reconnaît David Jones, le guitariste du groupe. « J’aime le football mais j’aime aussi la pop
de poltron, c’est comme ça. Je passais mon temps à réserver des places de
concerts de chacun des groupes de Slumberland, comme Black Tambourine, et je me
foutais des autres groupes »[i].
Ce qui l’a poussé à venir fonder un groupe, c’est sa rencontre avec Mike
Schulman. A cette époque, celui-ci dirigeait un magasin de disques que
fréquentait assidument David Jones. Le dirigeant du label Slumberland et
quelques autres (Jenny Toomey, Kristin Thompson, ainsi que Mark Robinson) ont
alors monté le Pop Losers Festival en 1991 qui fut déterminant dans le
lancement de toute la scène indie pop de la côte Ouest américaine. Et bien-sûr il
put voir la venue de David Jones, accompagné de Tony Ammendolia, dans l’espoir
de saisir leur chance en tant que groupe tout fraîchement monté.
Dès
leur arrivée à Alexandria, les deux comparses enregistrent quelques chansons
sous différents noms (Engine #9 ou bien Twitch Hazel, avec la participation de
Wally Heasley, futur Kurt Heasley de Lilys) et font passer le mot par
bouche-à-oreille dans les universités, en évitant soigneusement les amateurs de
métal.
Et
le buzz se fait petit à petit. Ils se font d’abord aider par Archie Moore,
autre patron du label Slumberland pour être diffusé. Puis Fudge,
enfin un vrai groupe, suite aux additions de Steve Venable et Mike Savage,
signe sur un label californien, en l’occurrence Caroline, et enregistre ce
pétillant premier album en 1993.
On le sent, on le devine, aux lignes
suivies qui refusent de choisir délibérément un camp, que Fudge se laisse
tenter aussi bien par le shoegaze anglais, que par les tendances indie
américaine. Tony confirme : « Nous
ne sommes pas des shoegazers. Beaucoup de gens nous voient comme ça mais nous
sommes plus un groupe de rock traditionnel dans notre façon d’appréhender la
musique. On ne reste pas comme des piquets à regarder nos pieds »[ii].
Cette volonté de se démarquer du
shoegaze allait conduire jusqu’au deuxième album, « Southside Speedway », qui
finalement ressemblera beaucoup à ce que faisait les groupes power-pop de
l’époque. Le problème de Fudge fut de vouloir plaire au public de Richmond,
principalement constitué de kids en mal de gros sons. Mais après tout,
n’était-ce pas là le lot de tous les groupes d’indie pop qui ont succombé aux
charmes des majors ?« Le piège dans le milieu indé, c’est de se croire
obligé de changer perpétuellement, au risque parfois de se dénaturer »
regrette David Jones. « Mais on se rappelle de tous ces gens qu’on a
connu et qui nous ont apporté beaucoup »[iii].
Les regrets, donc, on y revient toujours. Mais pour avoir été en marge de la
scène de Richmond et avoir contribué, en matière de pionnier, à l’émergence de
la pop indie sur la côte Ouest des Etats-Unis, quand bien même l’histoire se
terminera de manière bancale, la tentative de Fudge ne peut être que saluée.
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