28 septembre 2007

Fiche artiste de Fudge


Fudge

Il était difficile, voir impossible, pour un groupe tel que Fudge, de s’imposer dans une ville comme Richmond où la seule musique qui s’écoutait depuis la fin des années 80 était du métal. Surtout lorsqu’on se dit fans du label Sarah Records.

 « C’était bizarre de faire de la pop à cette époque. On était vraiment considéré comme des poules mouillées » reconnaît David Jones, le guitariste du groupe. « J’aime le football mais j’aime aussi la pop de poltron, c’est comme ça. Je passais mon temps à réserver des places de concerts de chacun des groupes de Slumberland, comme Black Tambourine, et je me foutais des autres groupes »[i]. Ce qui l’a poussé à venir fonder un groupe, c’est sa rencontre avec Mike Schulman. A cette époque, celui-ci dirigeait un magasin de disques que fréquentait assidument David Jones. Le dirigeant du label Slumberland et quelques autres (Jenny Toomey, Kristin Thompson, ainsi que Mark Robinson) ont alors monté le Pop Losers Festival en 1991 qui fut déterminant dans le lancement de toute la scène indie pop de la côte Ouest américaine. Et bien-sûr il put voir la venue de David Jones, accompagné de Tony Ammendolia, dans l’espoir de saisir leur chance en tant que groupe tout fraîchement monté.
Dès leur arrivée à Alexandria, les deux comparses enregistrent quelques chansons sous différents noms (Engine #9 ou bien Twitch Hazel, avec la participation de Wally Heasley, futur Kurt Heasley de Lilys) et font passer le mot par bouche-à-oreille dans les universités, en évitant soigneusement les amateurs de métal.
Et le buzz se fait petit à petit. Ils se font d’abord aider par Archie Moore, autre patron du label Slumberland pour être diffusé. Puis Fudge, enfin un vrai groupe, suite aux additions de Steve Venable et Mike Savage, signe sur un label californien, en l’occurrence Caroline, et enregistre ce pétillant premier album en 1993.
On le sent, on le devine, aux lignes suivies qui refusent de choisir délibérément un camp, que Fudge se laisse tenter aussi bien par le shoegaze anglais, que par les tendances indie américaine. Tony confirme : « Nous ne sommes pas des shoegazers. Beaucoup de gens nous voient comme ça mais nous sommes plus un groupe de rock traditionnel dans notre façon d’appréhender la musique. On ne reste pas comme des piquets à regarder nos pieds »[ii].
Cette volonté de se démarquer du shoegaze allait conduire jusqu’au deuxième album, « Southside Speedway », qui finalement ressemblera beaucoup à ce que faisait les groupes power-pop de l’époque. Le problème de Fudge fut de vouloir plaire au public de Richmond, principalement constitué de kids en mal de gros sons. Mais après tout, n’était-ce pas là le lot de tous les groupes d’indie pop qui ont succombé aux charmes des majors ?« Le piège dans le milieu indé, c’est de se croire obligé de changer perpétuellement, au risque parfois de se dénaturer » regrette David Jones. « Mais on se rappelle de tous ces gens qu’on a connu et qui nous ont apporté beaucoup »[iii]. Les regrets, donc, on y revient toujours. Mais pour avoir été en marge de la scène de Richmond et avoir contribué, en matière de pionnier, à l’émergence de la pop indie sur la côte Ouest des Etats-Unis, quand bien même l’histoire se terminera de manière bancale, la tentative de Fudge ne peut être que saluée.



[i] David Jones, référence perdue.
[ii] Tony Ammendolia cité par Tony Norman, sur Pittsburgh Gazette, 11 mars 1993, [en ligne] http://articles.chicagotribune.com/1993-03-11/features/9303191171_1_fudge-band-fuzzy-guitar
[iii] David Jones, référence perdue.

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