Indispensable !
Sortie : 1994
Produit par Mike Hedges
Label 4AD
Split est certainement le meilleur album de Lush et c'est terrible car il fut totalement descendu en flamme par la presse. C'est l'exemple type d'incompréhension.
Les filles, Emma et Miki, n'ont jamais aussi bien chanté, la section rythmique de Phil et Chris n'a jamais été aussi engagée, les écritures n'ont jamais été aussi complexes... pourtant personne ne l'a remarqué à l'époque. Ce qui fait la force de cet album, c'est ce petit côté flottant, insaisissable, léger. Il est plus facile de s'immerger dans ce climat féerique, plus chaleureux que sur les albums précédents, avec des entrelacs de voix et de guitares, qui cette fois-ci, enfin, s'accordent et sont construits pour tenir compte l'une de l'autre.
"Lit Up", "Kiss Chase" ou encore "Starlust" sont plus énergiques qu'avant, tout en conservant ce raffinement dans les lignes mélodiques, qui fait tant l'atout de Lush.
Hélas, personne ne l'a vu ainsi. Au milieu des années 90, la presse d'abord, le grand public ensuite, comme des toutous, ont réclamés de la percution et un message limpide. Lush offrira de l'évasion, un sentiment clair-obscur, entre la luminosité de ses compositions, richement travaillées, comme des pièces d'orfèvres, et la noirceur des paroles, légèrement désabusées.
Au tempo lent, aux vocalises légèrement plus basses que d'habitude, au riff un peu triste, "Desire Lines" est un bijou de désenchantement. Quant aux huit minutes de "Never Ever", c'est un pur moment de magie et de grâce ; prenant son temps, sûr de son impact, il s’appesantit, traversé par des violons, pour livrer une échappatoire à tout ceux qui se lassent de la réalité.
C'est cela qu'on a peut-être reproché à Lush : de s'être inventé un monde qui n'existait pas au lieu de combattre l’âpreté quotidienne. Il n'empêche que ces textures riches n'ont aucun équivalent.
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