Mezcal Head de Swervedriver
Sortie : 1993
Produit par Alan Moulder
Label : A&M
Après un changement de line-up, Adam Franklin et Jimmy Hartridge restant le noyau dur, auquel s’est joint le batteur Jez Hindmarsh, la formation anglaise revient plus forte que jamais.
Pourtant les nombreuses tournées aux Etats-Unis en 1992 faillirent être fatale au groupe. Concerts éreintant avec Soundgarden et Monster Magnet, une avalanche de drogue et surtout les nombreuses défections, tout s’amoncelait pour aboutir à une séparation pure et simple. Mais voilà que Swervedriver revient, surtout aux Etats-Unis, avec un single (« Duel »), classé « single of the week », et leur plus grand succès à ce jour, morceau monstrueux, fort et musclé.
Visiblement, le groupe passe aux choses sérieuses. Le ton s’est durci, les guitares se révèlent rutilantes, chromées, et les riffs sonnent comme de grosses machines qui détruisent tout sur leur passage, tant leur efficacité n’est plus à démontrer aujourd’hui. Beaucoup plus lourd et agressif que leur premier essai, toutes guitares dehors, tout en restant pop dans l'esprit, Mezcal Head est un brûlot nerveux et endiablé.
Aucun répit n'est autorisé. On a parfois du mal à se retrouver dans cette déferlante, ça sonne de tous les côtés et les chansons se ressemblent beaucoup, mais là n'est pas le propos puisque le but est de donner le tournis à partir de saturations, de riffs bien sentis, de coupures (légères) de rythme, de passages psyché.
Mezcal Head est un vrai tourbillon : « Harry & Maggy » ou encore « You find it everywhere », il y a largement de quoi être transporté par cette déferlante.
Cependant les efforts pour sonner de plus en plus puissant desservent parfois les intérêts du groupe. Même si on ne peut rien retirer de la qualité des chansons, certaines souffrent d’une trop envie de plaire et de polir le son de Swervedriver, à l’instar de « Blowin’ Cool » ou « Girl in a motorbike », difficiles à digérer.
Mezcal Head est le plus grand succès du groupe, de par ces riffs efficaces, mais quelques esprits chagrins ont regretté certaines lourdeurs, témoins d’une tentative de se rapprocher du son existant aux Etat-Unis.
Cet album est aussi l’occasion de s’adonner à des thèmes, bien superficiels, chers aux groupes : les belles voitures (« Duel » est un hommage au film de Spielberg), le soleil du Mexique (on surnomma vite le groupe « Los Swerlies ») et bien évidemment les drogues.
Et c’est finalement bien là le principal : jamais un groupe n’avait sonné aussi fort, aussi électrique, pour servir au mieux une vision particulièrement vibrante du psychédélisme. Les nappes s’additionnent, la cadence est toujours soutenue, ça part constamment en vrille, jusqu’à perdre la tête. Assommant, cet album est aussi l’occasion parfaite pour s’adonner aux vices de l’évasion.
C’est également sur cet album que le groupe s’autorisera les plus improbables délires, sans peur de la suffisance pompière. A noter surtout ces étendues de nappes de guitares, qui étirent certains morceaux sur de longues minutes psychédéliques. Ainsi « Last train to Satansville » est une véritable démonstration de maîtrise et de talent. Swervedriver ose tout, comme fusionner deux chansons entre elles et s’offrir une bonne dose d’expérimentation, avec un saxo complètement perdu devant ces grosses guitares sur « Never lose that feeling / Never learn ». Et également d’incroyables délices pop, cachées sous ces mille-feuilles de guitares vombrissantes, grattées à mille à l’heure. La plus significative démonstration de ce talent hors norme pour l’écriture est sans conteste « Duress », point d’orgue de l’album, la seule chanson en fait à être jouée sur un tempo ralenti, montée en puissance planante avec percussions et tambourins, qui se laisse peu à peu, sous les effets de l’ecstasy, envahir par les guitares et les effets wah-wah. Un pur moment de rêve délicieux, étalée sur plus de huit minutes jusqu’à s’oublier et planer complètement.
Album le plus reconnu du groupe, Mezcal Head demeure toujours, à ce jour, très sympathique, malgré ses faiblesses, et se fait le compagnon idéal pour de longues chevauchées. Vers où ? Même le groupe l’ignore. Mais il ne fait aucun doute que ce serait au volant d’une Ford Mustang, avec Mezcal Head à fond dans l’autoradio.
Sortie : 1993
Produit par Alan Moulder
Label : A&M
Après un changement de line-up, Adam Franklin et Jimmy Hartridge restant le noyau dur, auquel s’est joint le batteur Jez Hindmarsh, la formation anglaise revient plus forte que jamais.
Pourtant les nombreuses tournées aux Etats-Unis en 1992 faillirent être fatale au groupe. Concerts éreintant avec Soundgarden et Monster Magnet, une avalanche de drogue et surtout les nombreuses défections, tout s’amoncelait pour aboutir à une séparation pure et simple. Mais voilà que Swervedriver revient, surtout aux Etats-Unis, avec un single (« Duel »), classé « single of the week », et leur plus grand succès à ce jour, morceau monstrueux, fort et musclé.
Visiblement, le groupe passe aux choses sérieuses. Le ton s’est durci, les guitares se révèlent rutilantes, chromées, et les riffs sonnent comme de grosses machines qui détruisent tout sur leur passage, tant leur efficacité n’est plus à démontrer aujourd’hui. Beaucoup plus lourd et agressif que leur premier essai, toutes guitares dehors, tout en restant pop dans l'esprit, Mezcal Head est un brûlot nerveux et endiablé.
Aucun répit n'est autorisé. On a parfois du mal à se retrouver dans cette déferlante, ça sonne de tous les côtés et les chansons se ressemblent beaucoup, mais là n'est pas le propos puisque le but est de donner le tournis à partir de saturations, de riffs bien sentis, de coupures (légères) de rythme, de passages psyché.
Mezcal Head est un vrai tourbillon : « Harry & Maggy » ou encore « You find it everywhere », il y a largement de quoi être transporté par cette déferlante.
Cependant les efforts pour sonner de plus en plus puissant desservent parfois les intérêts du groupe. Même si on ne peut rien retirer de la qualité des chansons, certaines souffrent d’une trop envie de plaire et de polir le son de Swervedriver, à l’instar de « Blowin’ Cool » ou « Girl in a motorbike », difficiles à digérer.
Mezcal Head est le plus grand succès du groupe, de par ces riffs efficaces, mais quelques esprits chagrins ont regretté certaines lourdeurs, témoins d’une tentative de se rapprocher du son existant aux Etat-Unis.
Cet album est aussi l’occasion de s’adonner à des thèmes, bien superficiels, chers aux groupes : les belles voitures (« Duel » est un hommage au film de Spielberg), le soleil du Mexique (on surnomma vite le groupe « Los Swerlies ») et bien évidemment les drogues.
Et c’est finalement bien là le principal : jamais un groupe n’avait sonné aussi fort, aussi électrique, pour servir au mieux une vision particulièrement vibrante du psychédélisme. Les nappes s’additionnent, la cadence est toujours soutenue, ça part constamment en vrille, jusqu’à perdre la tête. Assommant, cet album est aussi l’occasion parfaite pour s’adonner aux vices de l’évasion.
C’est également sur cet album que le groupe s’autorisera les plus improbables délires, sans peur de la suffisance pompière. A noter surtout ces étendues de nappes de guitares, qui étirent certains morceaux sur de longues minutes psychédéliques. Ainsi « Last train to Satansville » est une véritable démonstration de maîtrise et de talent. Swervedriver ose tout, comme fusionner deux chansons entre elles et s’offrir une bonne dose d’expérimentation, avec un saxo complètement perdu devant ces grosses guitares sur « Never lose that feeling / Never learn ». Et également d’incroyables délices pop, cachées sous ces mille-feuilles de guitares vombrissantes, grattées à mille à l’heure. La plus significative démonstration de ce talent hors norme pour l’écriture est sans conteste « Duress », point d’orgue de l’album, la seule chanson en fait à être jouée sur un tempo ralenti, montée en puissance planante avec percussions et tambourins, qui se laisse peu à peu, sous les effets de l’ecstasy, envahir par les guitares et les effets wah-wah. Un pur moment de rêve délicieux, étalée sur plus de huit minutes jusqu’à s’oublier et planer complètement.
Album le plus reconnu du groupe, Mezcal Head demeure toujours, à ce jour, très sympathique, malgré ses faiblesses, et se fait le compagnon idéal pour de longues chevauchées. Vers où ? Même le groupe l’ignore. Mais il ne fait aucun doute que ce serait au volant d’une Ford Mustang, avec Mezcal Head à fond dans l’autoradio.
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