The Veldt
The Veldt a été sans doute victime des préjugés. Dans le monde du rock, il s’agit de rentrer dans des cases, et dès lors que l’on ne correspond plus à ce qui est conforme, on devient une énigme.
Formé en 1986 par les frères jumeaux Daniel et Danny Chavis, rejoints par le batteur Martin Levi deux ans plus tard, le groupe vient de Chapell Hill, une toute petite ville de Caroline du Nord. Non seulement le groupe fut rapidement associé à la scène de l’époque, avec Polvo ou Superchunk, pratiquant un punk lo-fi sauvage, alors qu’il n’avait rien à voir avec ce style, mais en plus on les rangea vite dans la catégorie de « black band ».
Certes, la majorité des membres de The Veldt sont blacks, mais les frères Chavis ont toujours détesté être comparé à Living Coulour ou Fishbone, formations qu’ils respectaient énormément mais dont ils se sentaient peu d’affinité. « On a ouvert pour Jesus and Mary Chain à Toronto à The Masonic Lodge. Certaines personnes dans le public nous appelaient Living Colour entre chaque chanson. Je leur ai dit de sucer ma bite »[a]. Ce qu’ils regrettaient surtout, c’est que personne ne se focalisait réellement sur leur musique. Ils seront d’ailleurs baladés de labels en labels, personne n’arrivant à comprendre qui ils sont et ce qu’ils veulent. Un gars de A&R leur a même demandé de prendre un blanc comme bassiste. « On a été obligé de sortir pour échafauder de quoi lui faire comprendre ce qu’on faisait. On a découpé des photos dans les magazines des groupes qui nous influençaient. ‘’oui, on est black, mais vous pouvez comprendre ce qu’on dit ? vous pouvez arrêter de vous focaliser sur nos gueules ?’’ »[b].
[d] Daniel Chavis cité par James Doolittle, sur Daily Collegian, 18 mars 1994, [en ligne] http://www.collegian.psu.edu/arts_and_entertainment/article_9a304fa3-41dd-5380-b3ea-f4ad4fe7ac1f.html
The Veldt a été sans doute victime des préjugés. Dans le monde du rock, il s’agit de rentrer dans des cases, et dès lors que l’on ne correspond plus à ce qui est conforme, on devient une énigme.
Formé en 1986 par les frères jumeaux Daniel et Danny Chavis, rejoints par le batteur Martin Levi deux ans plus tard, le groupe vient de Chapell Hill, une toute petite ville de Caroline du Nord. Non seulement le groupe fut rapidement associé à la scène de l’époque, avec Polvo ou Superchunk, pratiquant un punk lo-fi sauvage, alors qu’il n’avait rien à voir avec ce style, mais en plus on les rangea vite dans la catégorie de « black band ».
Certes, la majorité des membres de The Veldt sont blacks, mais les frères Chavis ont toujours détesté être comparé à Living Coulour ou Fishbone, formations qu’ils respectaient énormément mais dont ils se sentaient peu d’affinité. « On a ouvert pour Jesus and Mary Chain à Toronto à The Masonic Lodge. Certaines personnes dans le public nous appelaient Living Colour entre chaque chanson. Je leur ai dit de sucer ma bite »[a]. Ce qu’ils regrettaient surtout, c’est que personne ne se focalisait réellement sur leur musique. Ils seront d’ailleurs baladés de labels en labels, personne n’arrivant à comprendre qui ils sont et ce qu’ils veulent. Un gars de A&R leur a même demandé de prendre un blanc comme bassiste. « On a été obligé de sortir pour échafauder de quoi lui faire comprendre ce qu’on faisait. On a découpé des photos dans les magazines des groupes qui nous influençaient. ‘’oui, on est black, mais vous pouvez comprendre ce qu’on dit ? vous pouvez arrêter de vous focaliser sur nos gueules ?’’ »[b].
Eux,
n’en font qu’à leur tête et souhaitent proposer une musique personnelle, noisy
et rêveuse, résultats des goûts de Daniel pour Jimmi Hendrix et de Danny pour
les groupes anglais, dont Echo and The Bunnymen, AR Kane ou My Bloody Valentine.
«
Tout le monde nous disait constamment
qu’on s’y prenait mal et qu’on brassait trop de styles. Mais, pour une raison
inconnue, on s’est senti différents et on n’en a pas tenu compte. On a suivi
notre instinct, ce qu’on aimait écouter et ce qui nous motivait à avancer »[c].
Ce
mélange particulier entre dream pop et soul music est étonnant mais
incontestablement une réussite, notamment lorsque le groupe américain se livre
à quelques fantaisies (chanteuse de soul invitée, refrain funky, interludes
ressemblant à des jingles de radio etc ...). On notera également la
participation de Robin Guthrie ou Lincoln Song de Moose. « Notre album a un certain côté raffiné qui s’est parfois retourné contre
nous, surtout de la part de ceux qui sont branchés, mordus du rock alternatif,
mais j’en ai rien à cirer de ces gens-là »[d]
affirme avec aplomb Dany.
On retrouve une langueur
inimitable digne des plus belles heures de la musique black seventies : « La
sensualité a toujours eu une grande place dans la musique avec la soul ou des
influences comme Marvin Gaye, Curtis Mayfield et The DelPhonics. Dans notre
musique, ça rend les choses plus authentiques et moins prévisible. Liz Frazer
de Cocteau Twins ont leur lot de soul, tout comme Dead Can Dance et AR Kane.
Ils ont leur propre sensualité si vous allez par là »[e].
Si ce style les place comme une curiosité shoegaze à ne pas manquer, cela les a
particulièrement entravés.
« Les gens déboulaient et nous disait qu’on essayait de sonner comme quelque chose qu’on n’était pas, juste pour frimer. Mais on faisait ça naturellement. La communauté black a toujours joué du rock, on l’a même inventé »[f]. Leur style n’avait rien à voir avec ce qui se faisait aux Etats-Unis à l’époque, surtout à Chapell Hill, qui abritait une scène lo-fi et rock (Superchunk, Polvo). The Veldt avait tout pour passer pour une incongruité musicale. « Chapell Hill est une sorte de communauté. Si tu ne sonnes pas comme eux, ils ne veulent pas que tu en fasses parti »[g] reconnait Danny Chavis. The Veldt fut donc vite exclu, et ne dépassa pas le cercle de quelques initiés.
[a] Interview de Danny Chavis sur Anon Magazine, 24 mars
2016, [en ligne] http://anonmagazine.com/two-decades-in-the-making-an-interview-with-the-veldt/
[b] Danny Chavis cité par Mike Doherty, sur The Guardian,
5 février 2016, [en ligne]
https://www.theguardian.com/music/2016/feb/05/the-veldt-chavis-brothers-apollo-heights-shoegazer-soul-music
[c] Interview de Daniel Chavis par Judy Lyon, sur Stereo
Embers, avril 2016, [en ligne]
http://stereoembersmagazine.com/pioneering-vision-interview-veldt/
[e] Interview de Danny Chavis par Patrice Vibert, sur Le Champs Sonore, 10 décembre 2016, [en ligne] http://lechampsonore.fr/2016/12/interview-the-veldt-english-version/
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