23 février 2012

Wilma : Claudius


Claudius de Wilma

Sortie : 1993
Produit par Gabi Hakanen
Label : Herodes

En refusant clairement de se prêter au jeu de l’industrie musicale et en proposant une musique très personnelle, éthérée et teintée de fantaisies kitch, le groupe finlandais Wilma incarne le prestige de l’indie pop comme son snobisme.
Après un album plutôt expérimental et très avant-garde, Wilma revient avec des intentions clairement plus ouvertes et se revendiquant du courant shoegaze, qui séduisent instantanément. Certains titres sont directs, assemblent de multiples guitares, sèches ou saturées, offrent un écrin superbe pour un chant rêveur et angélique, et diffusent une énergie communicative de part leur caractère enfantin, simple et gracieux (« Yksin sinussa » et ses vocalises qui partent dans tous les sens, « Sekaisin » ou encore « Lumo » qui aurait pu être un tube).
Bien-sûr l’univers particulier de Wilma transparait toujours dans cet album. Les usages kitch et les claviers datées sont utilisés pour donner une coloration nouvelle à cet étalage de féérie : « Ihmelapsi » ou plus encore « Claudius », leur single, dont les claviers apportent une note gothabilly et psyché à un titre merveilleux, aux guitares savamment saturées et aux lignes de chants féminins intelligemment entrelacées. Les influences évoquent Stereolab ou Luminous Orange qui auront aussi la même approche : un peu psychédélique, très arty, une pop sophistiquée et surtout beaucoup d’élégance.
La confidentialité de cet album à cause de son hermétisme apparent, on va le retrouver dans son caractère hybride, entre ambient vaporeux et décharné (« Aika »), accent country-rock mélangé à de la dream-pop (« Kaksitoista Kuuta « ) ou bien electro-dark-shoegaze (le superbe « Kauan Sitten », morceau noir, presque méchant, cachant des airs indiens et des sitares sous un tempo artificiel de boites de nuit, des saturations et une voix cajoleuse de séductrice).
La voix de Anna Kuoppamäki est gracile, majestueuse, vaporeuse. Elle se marie en tout cas parfaitement avec les arrangements et les choix d’instrumentalisations (de l’électricité, des guitares, des nappes de claviers acidulées), ce qui donne une ambiance très personnelle. L’ensemble des morceaux de ce disque sont d’une beauté à couper le souffle, où les chœurs croisent les machines, dans un esprit fantasmagorique mais délibérément second degré et assez kitch.
Cet univers décalé ressemble à un coton rose bonbon. C’est ce côté maniéré qui rend service à la majesté absolue de chansons de la trempe de « Vetomoina » (qui fait tant penser à Lush), son ambiance féérique, son tempo gracile, avant la tombée de riffs de guitares magnifiques, ou bien du superbe « Nimesi pituinen matka », son recouvrement total de magie et de merveilleux pour des mélodies alambiquées et compliquées, toujours doublées par des vocalises hébétées, des drapes de aaaaaaaaaaaaaaaaah doux et vaporeux.
Une écoute indispensable qui permet de s’évader bien loin du tout-venant radiophonique, qui ne prend aucun risque et se limite à la facilité.

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