20 décembre 2011

La Nueva Flor : S/t


La Nueva FlorSortie : 1994
Produit par Miguel Castro
Label : FAN

Il y a une tendance chez ces jeunes garçons à chanter légèrement faux mais avec suavité. On sent, derrière la douceur d’angelots, des tremblements, un manque d’assurance et une fâcheuse habitude de toujours être décalé sur la note. La nonchalance et la maladresse toute estudiantines deviennent alors un régal. Car l’envie est de se faire le plus romantique possible (« Agua »), sans plus de préparation ou de machination que ça. L’essence du shoegaze transparait dans ces asthénies, ces échappées psychédéliques, ces vocalises de jeunes encore naïfs et pris d’une envie compulsive de bien faire. 
A ce titre, « Charly Garcia » est assez significatif : recouvert de guitares branchées en continu sur mode saturation lourde, le titre demeure un essai naïf et mignon. Mais ne n’y trompons pas, malgré l’extrême douceur, les drogues sont là. Le but premier de ces jeunes gamins est de s’offrir par eux-mêmes le trip sonore que personne autour d’eux n’est capable d’apporter. Qu’on les suive ou non sur la mode de l’ecstasy, il n’en demeure pas moins le rêve de se déporter ailleurs, rêve qu’on partage avec eux, en tant qu’auditeur (superbe « Aldea de niños felices »). Certaines plages instrumentales ne sont qu’à base de clavier cheap et d’orgues. Le voyage est dépaysant. « Realidad no ordinaria » ressemble à une très lente litanie, étalée sur plusieurs minutes, où Miguel Castro s’évapore et souffle un chant de freluquet chevrotant, injecté jusqu’aux yeux. « Esperar » en devient presque touchant, à force d’exagérer les tremolos, sous les saturations. D’autant plus que les conditions d’enregistrements sont loin d’être idéales.
Dès lors, les guitares spatiales, le rythme parfois très lent, la magnificence, la basse géniale, les langueurs, collent parfaitement aux aspirations poétiques et fumeuses de ce jeune groupe. Tout en étant suffisamment hésitants et timides pour avoir énormément de charmes. Ainsi « El Paladin » est une ballade superbe, cajolée par une batterie lente, une voix alanguie et des saturations mirifiques qui prennent leur temps.

Mention spéciale également pour « Belgica », beauté innocente de psychédélisme, avec un chant fragile, une ambiance de rêve et un nuage de saturations qui résonnent encore dans la stratosphère.

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