24 juin 2010

AR Kane : 69


69 de AR Kane

Sortie : 1988
Produit par Ray Schulman et AR Kane
Label : Rough Trade

Autant prévenir d’entrée pour l’éventuel néophyte qui aurait entendu parler de AR Kane : ce premier album est particulièrement dur.
Déroutant avec ces rythmes difficiles, ces guitares saturées et tranchantes, ce ton rêveur et expérimental, ces voix black veloutées et chaleureuses, cette tendance à s’affranchir des carcans trop étroits du rock, pas forcément évident de prime abord.
Malgré tout cet album est considéré comme un classique, du moins un précurseur de pas mal de choses, le post-rock anglais notamment. Et cette influence n’est pas étonnante lorsqu’on écoute « Sullidays », complètement ambient et abscons, « Scab », avec cette guitare sèche, ce minimalisme, « Baby Still Snatcher » et ses saturations dures, limite indus, ou encore « The Madonna is with child », mélange de sombre piano et de distorsions impromptues.
Cet opus à part et troublant a été un modèle pour bon nombre d’artistes, comme Seefeel, Moonshake, Bark Psychosis ou certains groupes shoegaze, et on les comprend car il est étonnant de se surprendre à admirer les tendresses élégiaques et perdues de « Spermwhale Trip Over » ou les percussions mêlées de guitares saturées sur « Crazy Blue », soutenues par des voix douces féminines en complément des masculines.
C’est donc avec une certaine fascination qu’on réalise à quel point AR Kane avait une longueur d’avance sur ses contemporains, faisant de ce groupe londonien le pionnier d’une révolution esthétique, révolution faite dans l’indifférence générale, et cette injustice ne sera jamais réparée, tout comme « Suicide Kiss », shoegaze et indus, ne sera jamais reconnu à sa juste valeur.

1 commentaire:

  1. C'est vrai qu'il est éprouvant cet album mais quel album ! En moins de quarante minutes, on passe de la Dream Pop à des effluves industrielles, post-rock et... en 1988. C'est amusant, mais je retrouve parfois les ombres très prononcées de Virgin Prunes. Je ne l'écoute pas tous les jours, mais lorsque je me plonge dedans, il ne me laisse aucunement indifférent.

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