8 mai 2010

Flying Saucer Attack : New Lands



New Lands de Flying Saucer Attack

Sortie : 1997
Produit par David Pearce
Label : Drag City

C'est comme si on tombait sur de vieux enregistrements, des vestiges sonores, des bandes tellement usées qu'elles tombent en désuétude.
Derrière le brouillage du temps, se cachent de maigrelettes voix, tout droit sorti d'un sommeil profond, légères traces d'une vie, qui parait si fragile, si faible. Le reste, ce sont des drones sans fins, des saturations écrétées, vaporeuses et floues. Des samples qui se perdent et se déversent dans un bruit éraillé et débrayé, comme sur "Respect", ou alors ce sont des saturations obscures et lentes qui progressent sur "Whole Day Song". Et les motifs répétés de "The Sea" semblent tout droit sorti d'un vieux répondeur en mode repeat, duquel sort une voix timide de freluquet, mais qui pourtant persiste bien malgré les brouillages sonores qui finiront inexorablement par le recouvrir, et le submerger.
La fatigue transparait dans cet album pour la porter au nue et en faire quelque chose d'incontestablement beau. Il y a tellement de laisser-aller... C'est incroyable d'arriver à ce point à un tel paradoxe : c'est saturé et brouillon au possible, et pourtant rien ne nous paraît si décharné. La voix de David Pearce, qu'on sent terriblement seul sur cet album, pourtant recouvert jusqu'au bout de feedback et de noise, est si chevrotante qu'on touche là à la délicatesse ultime. Un abbatement alangui et englué, secoué quelque fois par des percussions industrielles, dub mécanique et fatigué. "Up in her eyes" est ainsi une litanie époustouflante recouverte de poussière électrique où le peu de chaleur rend son dernier souffle.
L'ambient n'est jamais bien loin puisqu'à plusieurs moments, il n'y a plus rien à espérer, plus de rythme, plus de force, plus de vivacité pour tout soutenir, alors on s'écroule dans des samples étranges ("Night Fall") ou encore dans une série de bourdonnement interminable (le cyclopéen "Forever").
Un peu comme si à force de trainer, les bandes audio avaient fini par fondre au soleil et ne subsistaient plus qu'alors des parasites électro-magnétiques, dernières traces d'activité artistique, dernier cocon, dernier refuge pour rêver et se relaxer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire