Submarine
Le premier concert de Submarine a lieu
en novembre 1989 au Léviathan, un pub au nord de Watford. Neil Haydock est
alors au chant et à la guitare, Rob (dit Robbie) Harron à la basse et Jeff
Townsin à la batterie. Le trio sort son premier single « Chemical
Tester » à la fin de l’année 1992. D’autres suivent, comme
« Dinosaurs », affirmant leur empreinte dans le rock anglais noisy, à
la suite de formations comme My Bloody Valentine, Spacemen 3, Galaxie 500 ou
Spirtualized. Même si Rob Harron se refuse à reconnaître des influences :
« Franchement, on ne va pas
s’asseoir et dire ‘’eh, on aimerait tellement sonner comme ce groupe-là’’ puis
on s’y colle et on écrit des chansons dans un style précis. Nos chansons
viennent juste comme ça. »[i] Ils sont remarqués par Keith
Cleversley, des américains de Flaming Lips, qui leur propose de produire leur
premier album, tout comme il a pu le proposer pour Spiritualized. Celui-ci,
éponyme, sort en 1994 sur la petite structure Ultimate Records. Une maison de
disque qui laissera carte blanche au groupe. Le bassiste, Rob Harron,
confirmera : « Notre relation
avec Ultimate n’était pas si mauvaise que ça. Ils avaient tendance à nous
laisser nous débrouiller avec ce qu’on avait envie de faire. Tout ce qui
concernait les pochettes d’album, les playlists, le choix des producteurs,
relevait de nos propres décisions. Ils nous ont donné beaucoup de liberté. Vu
la façon dont ça s’est fini, on peut même dire qu’on en a eu un peu
trop ! » [ii] Le résultat est une claque
psychédélique. Cathartique, il livre des morceaux percutants comme d’autres,
plus longs et évasifs, qui se concluent par des moments de grâce. Pourtant, il
ne fut pas écrit sous influence, comme le confirme Rob Harron : « Nos consommations quand on jouait en live ou
lors des enregistrements, se limitaient à alcool/nicotine/caféine. Pas d’excès
rock n’roll concernant les drogues, j’en ai peur, du moins pas lorsqu’on
jouait... Comme disait Ringo Starr, si tu joues à l’état d’épave, la musique
risque d’être sacrément merdique. »[iii]
Submarine joue avec les climax. Il offre, avec patience, des montées
langoureuses jusqu’à une libération somptueuse d’émotions. On distingue,
derrière leur opacité psychédélique, des mélodies savamment construites d’une
beauté triste et intense.
Aux Etats-Unis d’ailleurs, la même
année, un recueil de tous leurs singles parait sur le label Fantastick. Durant
leur carrière, Submarine fera un petit tour chez John Peel et enchaînera les
concerts, notamment avec les Flaming Lips mais aussi avec Moose et Radiohead.
Ils participeront également à une soirée rassemblant des groupes signés sur
Ultimate, à savoir The Werefrogs et Sidi Bou Said. C’est en revenant d’une
tournée avec le groupe de metal Tool, que Keith Cleversley leur propose
d’enregistrer un deuxième album. Jeff Townsin a entre temps quitté le groupe
pour être remplacé par Robert Haviss. Mais il ne verra jamais le jour. Submarine
se sépare en 1995. Pourtant deux ans plus tard, Neil Haydock et Rob Harron
sortent le single « She’s so fine », sous le nom de Jetboy DC.
On retrouvera trace d’eux sur deux compilations, mais aucun album
depuis. Qu’un tel groupe comme Submarine ait pu être à ce point négligé
est une fatalité dure à admettre. Il faut pourtant se rendre à l’évidence, il
n’y a aucun rapport entre la qualité de Submarine et l’étendu de sa
reconnaissance actuelle. Il faut alors insister et insister encore pour
ressortir ce groupe génial de l’oubli.
[i]
Interview de Rob Harron, été 2003, [en ligne]
http://home.comcast.net/~thades/taky/sub_interview/interview.htm
[ii]
Idem
[iii]
Idem
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