Bang Bang Machine
Il est impossible de catégoriser Bang
Bang Machine ; c’est un groupe hors du commun qui a brassé énormément de
styles pour avoir le sien propre, unique et incomparable. Tout autant basé sur
la dance et l’ambient que sur le psychédélisme, le grebo ou la dream-pop, le
groupe n’est pas vraiment dans le shoegaze. Mais il n’empêche que leur goût
pour les grandes nappes sonores, l’évanescence et les vocalises de déesse,
semble indiquer qu’ils y ont puisé largement leurs influences.
Rassemblés
en 1989 à Evesham en Angleterre, Elisabeth Freeth (chant), Stan Lee (basse),
Lamp (batterie) ainsi que Steve Eagle (guitare), dont on ne soulignera jamais
assez le jeu éclairé et l’inventivité de la composition, ils enchaîneront les galères, quémanderont quelques sous pour de rares
sessions d’enregistrement, se dépatouilleront aux manettes en autodidactes,
avant d’être enfin reconnus en 1991 grâce à une improbable démo, le culte
« Geek Love ». Lamp reconnaîtra : « ça nous aura juste pris trois ans afin d’être enfin sur pied ! »[i]. En effet, la chanson
tombe par hasard entre les mains de John Peel. Soufflé par ce style improbable
et ce vent de psychédélisme sexy et ravageur, il s’empresse de la diffuser dans
son émission. Il faut dire qu'il
y a de quoi : un rythme robotique, une basse prenante, des refrains éclatants,
un mélange subtil entre le sens de l'accroche de la pop anglaise et ce son
hybride électro, des boites à rythme héritées de la dance music et de
Madchester, des guitares folles... Et puis la voix d’Elisabeth Freeth, diva
incroyable, qui se fait tour à tour enjôleuse ou vigoureuse. Un véritable appel
à l’évasion et à l'hédonisme, écrit sous forte dose de LSD. John Peel dira
d’eux : « Même s’ils ne font
pas d’autres albums, ils auront achevé là bien plus que nous tous au cours de
notre vie. »[ii]. « Geek Love », tiré de la nouvelle de
Katherine Dunn, traitant du milieu du cirque, inclura également quelques
samples du film « Freak » de Todd Browning. Le single fut n°1 à sa sortie, Fire
Records le plaça parmi les vingt meilleures chansons de tous les temps, et il
permit au groupe de signer sur Ultimate, avant d’enchaîner de nombreux
concerts, notamment avec The Telescopes ou Catherine Wheel. Pour Elisabeth
Freeth : « On a fait quelques
apparitions dans des émissions de télé et on a commencé à avoir pas mal de fans
en Angleterre et ailleurs en Europe. C’était vraiment une période
fantastique. »[iii]
Leur premier album, Eternal Hapiness sortira en 1994. Bien plus qu’un trip, il en sera
la définition. Un véritable appel à l’évasion et à l'hédonisme, écrite sous
forte dose de LSD. Lamp expliquera : « Je pense que la raison pour laquelle notre
musique marche, c’est que nous naviguons dans des styles différents. (…) On a
toujours dit qu’on devait se diversifier le plus possible. »[iv]
Stricto
senso, on peut débattre
longtemps pour savoir si ce groupe fait partie du shoegaze ou non. Un peu trop
rock, un peu trop électro, peu importe, il y a la voix, et ce même attrait pour
la surenchère. Ce qui est à noter, c’est que ces musiciens vivaient leur
psychédélisme. Malheureusement, l’album n’eut aucun succès. Steve Eagles
regrettera : « On a
complètement oublié nos chansons. Elles n’ont jamais vu la lumière du jour et
on avait presque fini par se convaincre qu’elles étaient perdues à
jamais. »[v].
Un deuxième album, Amphibian en
1995, plus orienté rock, faisant la part belle aux guitares, n’y changera rien,
Bang Bang Machine se sépare sans que personne ne s’en rende compte.
[i]
Lamp, source illisible, [en ligne]
https://www.facebook.com/Bang-Bang-Machine-171987049554681/photos/
[ii]
Propos de John Peel rapportés par Kate Yates, [en ligne] https://www.facebook.com/Bang-Bang-Machine-171987049554681/photos/
[iii]
Elisabeth Freeth citée par Kate Yates, op. cit.
[iv]
Lamp cité par Ben Willmott, sur Pulse, 29 mai 1992, [en ligne]
https://www.facebook.com/Bang-Bang-Machine-171987049554681/photos/
[v]
Steve Eagle cité par Neil Watts sur Evesham Journal, [en ligne]
https://www.facebook.com/Bang-Bang-Machine-171987049554681/photos/
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