10 décembre 2007

The Julie Dolphin : Lit


Lit de The Julie Dolphin
Sortie : 1994
Produit par The Julie Dolphin et John Cornfield
Label : Timbuktu Records

On pourrait s’attendre avec une voix aussi délicieuse et sexy que celle de Diane Swan à une musique soft modérant volontairement son ton pour ne pas froisser une certaine légèreté qu’on associerait par facilité à de la féminité.
Ce n’est pas le cas avec The Julie Dolphin. Les guitares sont vives et tranchantes, la batterie volontiers rentre-dedans, le tempo rapide, voire bousculant. Ça secoue dans tous les sens et quelque part le propos ne fait pas dans la dentelle, au regard des textes plutôt crus, ou bien de la lourdeur du jeu. Les roulements de batterie sont d’ailleurs assez systématiques. Pourtant, il ne faut pas s'y tromper : le groupe évolue dans une veine pop, immédiate comme dérangeante.

Dès « Kill Me », la charge est lancée. On joue avec les rythmes syncopés. On maltraite les guitares. Et au milieu de tout ça, Diane Swans se régale comme une enfant. Le ton est globalement plutôt froid, la faute à des passages plus lents qui marquent des coupures au sein de la dynamique du morceau, à la présence de quelques arpèges cristallins, à la voix grave de Diane Swans et surtout de la basse, marquée. Il est même souvent étonnant de voir surgir des arabesques graciles après des sautes d’humeur aussi perverses (« Cry for everything » ou « Welcome Black Lust », une réponse au grunge). The Julie Dolphin dégage une force sonnant presque américain, comme sur les tours de force vocaux de « Fucked up lullaby », tout en naviguant en eaux troubles, proche de la dream pop, comme sur « Hemisphere ». Mais on peut aussi tomber sur de vraies surprises, comme cette ballade à la guitare sèche où Diane Swans et son compagnon Brett Adams dialoguent ensemble et entremêlent leurs voix légères pour un folk onirique.
En filigrane, derrière tout ça, se cache tout de même une sensibilité plus voluptueuse, à l’instar de ces ballades incroyables comme "Alice", qu’on croirait piquées au groupe culte The Parachute Men (ahhh…… ses trémolos dans la voix…), qui prennent dès lors une ampleur démesurée sous le coup des guitares fracassantes et saturées. Il arrive même, de manière totalement surprenante que le groupe s’offre un écart, acoustique, accompagné d’une basse, dont les paroles seront chantées par Brett Adams, à la voix tout aussi légère, mais complètement shootée, avant un duo magnifique.
Les mélodies sont évidentes, simplistes, parfois divinement accrocheuses, à d’autres moments virant vers quelque chose de plus étirée, comme si pour Julie Dolphin insérait une bonne dose de punkette attitude dans une grâce habituellement plus poétique.

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