7 octobre 2007

Fiche artiste de The Charlottes


The Charlottes
Lorsqu’on parle des pionniers du mouvement shoegaze, on pense bien évidemment à My Bloody Valentine mais on oublie bien souvent The Charlottes, qui avec leur single « Are you happy now ?» posa pourtant les bases du genre.
Formé en 1988 à Huntington, dans le Cambridge, le groupe rassemblé autour de Petra Roddis sera affilié d’abord à la vague noisy-pop proche de The Primitives, à défaut de pouvoir à l’époque définir leur style, qui finalement était plus proche du mur de son de My Bloody Valentine. C’est au cours d’un concert en novembre 1988, à l’Université des Arts et des Technologie, en compagnie de The Darling Buds et The Telescopes, que leur premier titre fut mis en vente. Même si seulement un quart du public présent se décida à l’acheter ce soir-là, il reçut le soutien de nombreux fanzines, et recevra même un éloge de Dave Simpson du Melody Maker, le qualifiant de classique du mouvement twee.

C’est à force d’enchaîner des performances remarquées à chacun de leur concert, qui débutèrent par un soutien de Snapdragons et qui furent suivi par une tête d’affiche lors du festival d’été du Cambridge, ou alors par la première partie de The House of Love, que le groupe se fit remarqué et pu enregistrer son premier single dans les studio de Peterborough.
Le single fut qualifié de « brillant » (Pop Eats Apathy), de « incroyablement inouï »
(Total Warpout ), voire même de « petit classique (Avanti), et même le magasine House of Dolls expliqua qu’on ressentait la même chose à l’écoute de la chanson que « si on était coincé dans le tambour d’une machine à laver ». Le single se vendit en moins d’une semaine. Il faut dire que l’art work y fut pour beaucoup, celui-ci ayant été conçu par le groupe lui-même. Des lettres de fans venus du Japon, d’Australie, d’Allemagne, d’Espagne, commencèrent à affluer. Et à Ispwich, le bassiste Dave Fletcher, le guitariste Graham Gargiulo et le batteur Simon Scott (qui se démarquait des autres pour être un fan de Soundgarden), encadrant la chanteuse charismatique Petra Roddis, ont donné l’envie aux membres du groupe Bleach de se lancer.
Mais il n’y avait pas que chez les fans que le single fit sensation.

Martin Whitehead, alors patron du label Subway Records, tombe sur le single et déclare dans un magasine qu’il s’agit d’un des trois meilleurs single de 1988. Il se dépêche alors de les rencontrer lors d’une première partie de The Flamates (un de ses groupes) en février de l’année suivante pour les faire signer. Il en résultera un mini-album, « Lovehappy », qui reçut la prestigieuse note de 9 sur 10 sur le NME, et qui leur vaudra d’être interviewés par John Peel lors d’un concert. Dave Simpsons déclarera avoir été impressionné par « ces distortions de guitares qui ressemblent aux roulettes des dentistes ». Quelque temps plus tard, ils enregistreront des black sessions sur Radio 1. Dale Griffin, le producteur de la BBC, jugera le son des guitares trop bruyantes mais il ne réussit pas à faire changer d’avis le groupe, ce dont John Peel se réjouit, ainsi que les fans. C’est que The Charlottes possédait maintenant un son distinct et reconnaissable entre mille. Ils furent parmi les premiers à créer ce fameux « mur de guitares », Petra n’hésitant pas à brancher la sienne, sans savoir forcément enchaîner des accords complexes. Progressivement le style s’éloigne de la direction commerciale des toutes premières chansons.
Les concerts étant de plus en plus fréquents, Dave Fletcher, qui cumulait également un poste de batteur au sein des Nightjars, annonce son retrait. Il sera remplacé quasiment au pied levé par Andrew Wade, un ami de Graham Gargiulo, qui apprendra les rudiments de l’instrument en une semaine, délai imposé car il fallait assurer une tournée de trente dates en compagnie d’un jeune groupe, fan de The Charlottes également. Pour la petite histoire, ce groupe en question, s’appelait Ride.

Un second EP « Love in the emptiness » sortira peu de temps après mais il sera largement moins diffusé, la faute à une promotion déficiente, et la sortie cumulée des premiers singles de Ride au mê
me moment. Le groupe rompt alors son contrat avec Subway pour passer sur Cherry Red, en mars 1990, dont la première parution sera le maxi « Liar », sortie qui sera accompagné d’une tournée et même d’un clip diffusé sur MTV, quand bien même celui-ci sera rudimentaire. Le tout récent label fait de The Charlottes sa priorité et ambitionne de sortir un album dans l’année. En décembre, ils démarrent des enregistrements au Minstrel Court Studio, mais lors des vacances de Noël, Simon Scott annonce qu’il s’en va rejoindre Slowdive. Les autres membres du groupe jugeant Simon essentiel, son départ marque ainsi la fin du groupe.
Dans quelques interviews données plus tard, Petra avouera être soulagée de mettre un terme à la formation, dénonçant au passage le harcèlement de certains journalistes (elle citera même des noms). Au regard des critiques élogieuses, on peut s’interroger, mais à rebours, lorsqu’on sait que The Charlottes multiplia les concerts dans Londres, supportant des groupes-amis, on comprend qu’elle fut en réalité excédé d’avoir été considéré comme parti prenante de cette scène « that celebrates hitself ». 
Comment ne pas s’indigner lorsque par exemple, Christophe Conte ose la décrire comme « hum, si corpulente, née sans doute d’une coucherie inédite, genre Jean-Marie Postier et Bannarama. » ?
Plus tard Cherry Red regroupera tous les enregistrements sous son nom sur le recueil « Things Come Apart » en 1991.

C’est la dernière trace de ce groupe fondamental. Au final, The Charlottes n’aura laissé qu’un petit testament, mais essentiel.

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