1 juin 2007

Lenola : The Last 10 Feet Of The Suicide Mile

The Last 10 Feet Of The Suicide Mile de Lenola

Coup de coeur ! 


Sortie : 1996
Produit par Jay Laughlin
Label : Tappersize


Les membres de Lenola sont complètement fous. Les guitares sont jouées dans le rouge tout du long, dans une déferlante de larsens incroyables, ça sonne de manière bizarre, presque discordant, la production frise le lo-fi, le chant se fait par-dessus la jambe... Les riffs partent dans tous les sens, d’autant qu’ils sont plusieurs et que chacun veut jouer sa partition, les accords sont à peine assurés mais l’énergie est communicative, et ça n’hésite pas à partir en vrille (« Patches »). On a l'impression que c'est mal joué, que les guitares sont mal accordées, que c'est trop près des amplis, ça sonne faux et ça dérape trop souvent : on n'avait jamais entendu un tel son de guitare avant ! C’est flagrant sur le génial « Z-Frame » : dès l’intro et ce riff déglingué, qui n’en fait qu’à sa tête, on se dit qu’on est en train d’écouter l’album sur une vieille cassette audio dans une voiture toute pourri et que la chaleur de l’habitacle a fait fondre la bande ! La musique de Lenola est unique. Elle est faite de glissades, de montées qui ne sont pas contrôlées, de débandades foutraques. 
Et pourtant, après quelques écoutes, on finit par ressentir tout le génie de ce groupe unique. Les riffs distordus, apparemment joués maladroitement, sont en fait très maîtrisés. « Share a route », qui a l’apparence d’un morceau à peine répété, à la batterie sommaire et aux saturations fluctuantes, possède en réalité une mélodie irrésistible. Lorsqu’on pensait que « Gorilla Arm » était une bombe saturée, voilà qu’elle fait surgir du grondement et des distorsions une guitare sèche absolument incroyable de retenue et de pudeur. La richesse de cet album est inouïe : jamais le shoegaze n'avait été interprété avec autant de morgue et de nonchalance, jamais. Jay Laughlin (chant/guitare/claviers), Dave Grubb (guitare), Sean Byrne (batterie) et Scott Colan (basse) s’amusent. Il faut entendre ce côté je-m’en-foutiste derrière « Brand New Legs ». Ils convoquent les facéties de Pavement, Sebadoh ou Swirlies. C’est un massacre musical mais attrayant et jubilatoire. 

De multiples surprises sont disséminées tout du long : le riff grunge à la Nirvana dans « Helen », l’instrumental bloodynesque de « Pipe Bomp » et surtout la brusque coupure après la déflagration punk « Rat Circle » pour enchaîner avec un court passage folk tout mignon tout plein. Un album à la fois drôle, surprenant et émouvant.

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