9 mai 2007

Swirlies : Blonder Tongue Audio Baton


Blonder Tongue Audio Baton des Swirlies

Sortie : 1993
Produit par Swirlies et Rich Costey
Label : Taang !

Ce groupe n'aime pas les facilités. Il préfère expérimenter, ne pas se contenter des schémas éculés, casser les codes pour chercher de quoi se renouveler. C'est au milieu d'un chantier sans nom, à coup de fracas sonores, de fausses pistes et de revirements subits que les Swirlies iront débusquer des semblants de mélodies absolument irrésistibles.

Enfants naturels de My Bloody Valentine, comme tant d'autres à l'époque, mais aussi de Sonic Youth ou de l’esprit lo-fi qui commençait à poindre aux Etats-Unies (Cf : la pochette faite de collage rafistolé et de titres écrits au feutre), pour cette tendance compulsive à triturer le son et les guitares, la bande US sera aussi une des brebis galeuse du shoegazing, cherchant sans cesse à surprendre, à émerveiller dans des domaines où on ne l'attend pas, à tordre le cou aux instruments.

Le résultat est étonnant, parfois difficile. Samples expérimentaux, distorsions, section rythmique destructrice, voix angéliques et divines, dérapages harmoniques : tout est à la fois burlesque, psychédélique, novateur et attachant. A partir de saturations, d'empilements distordus d'instruments, de cassures incessantes de tempo, les Swirlies arrivent pourtant à faire de ce qui s'apparente à des chansons, de vrais perles d'indie-pop visionnaires et entraînantes.

Les musiciens se défoulent littéralement, prennent un malin plaisir à détruire ce qu'ils avaient commencés et flirtent avec le mauvais jeu en laissant leurs slides glisser vers la disharmonie. Au milieu de cet exutoire adolescent et nihiliste, Damon Tutujian et Seana Carmony chantent admirablement de façon aussi désintéressée que sublime, victimes consentantes de ce n'importe-quoi sonore.

La vitesse, les détours, les retours en arrière nous entraînent vers de nouvelles contrées, royaumes farfelus et délicats où règnent en maîtres les mélodies et la grâce. Au moyen d'un riff génial ou d'un refrain accrocheur, insérés par mégarde entre deux fantaisies expérimentales et noisy, on apprend à redécouvrir le sens de la mélodie, de la richesse musicale.

Un goût raffiné pour la pop et les surprises, se cache sous cet ovni. On ne peut le nier et c'est ce qui rend ce groupe si surprenant et sa musique sulfureuse et belle à la fois.

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