29 avril 2007

Curve : Dopplergänger


Dopplergänger de Curve

Indispensable !

Sortie : 1992
Produit par Flood et Alan Moulder
Label : Anxious
Doppelgänger ; rien que le nom fait peur. Encore plus dense, plus rapide et plus ramassé que les singles précédents, cet album est le chef d’œuvre de Curve. La manifestation ultime des rêves tourmentés de ses deux auteurs. Impossible de s’extraire de cette déferlante de beats électro, de guitares à satiété, de pulsations tapageuses, de secousses telluriques, de samples biscornus, de tempo ultra-rapide et de langueur shoegaze. Ce choc artistique vrille les oreilles autant qu’il subjugue.
Car, avant tout, il y a un travail sur la production et la qualité du son qui sont tout bonnement phénoménaux pour l’époque. Chaque détail est travaillé avec une minutie proche de la pathologie. Il est incroyable de voir assembler autant d’éléments au sein d’une chanson au risque de créer la surcharge. Leur traitement est tellement comprimé qu’on finit déboussolé et subjugué. 
Le groupe dégage un tel charisme ! Il semble que Dean Garcia sache parfaitement ce qu’il veut imposer comme univers et Toni Halliday assume ce chaos ambiant autour d’elle, jouant des refrains provocateurs, comme sur leur single (« Fait accompli »). Les miaulements sauvages et déformés, écrasés par des riffs méchants, sur le final de « Split into fractions », dont le massacre ne semble jamais s’achever, impressionnent par leur assurance. Si les titres sont maniérés et inouïs de rectitude, l’ambiance dépeinte reste noire et tordue. « Lillies dying » se drape ainsi d’une majesté étrange car entièrement façonnée par un ramassis étourdissant. 
Malgré le côté synthétique évident et le rythme très poussé, cet album reste une déclaration d’amour pour les guitares, toujours mises à l’honneur et très présentes. (« Wish you dead »). Ce sont de bruits industriels qu’émergent des riffs féériques hérités de la dream-pop (« Think & act ») et ce sont eux qui contrebalancent le côté planant (« Doppelgänger »). 
La voix de Toni Halliday est magique, à la fois gravement solennelle, presque digne d’une sorcière gothique, à la fois aérienne et féline. Elle apporte une touche de glamour indéniable à ce fracas ardent et ces martèlements écrasants. Son chant angélique déboule sans crier gare du tourbillon electro-indus qu’est l’énergique « Already yours » et le morceau se drape alors d’une splendeur rutilante. Ses petits hoquets haletants sur « Horror Head » sont à tomber à genoux. Sur ce morceau, probablement un des meilleurs titres de Curve, Toni Halliday se fait prêtresse, et on ne sait plus si elle appartient au domaine de la réalité, tant la douceur de sa voix détonne au milieu de ces saturations artificielles.

2 commentaires:

  1. Indispensable en effet !

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  2. Il y a beaucoup de groupes shoegaze que j'adore dont les 3 plus connus: Slowdive, Ride et My Bloody Valentine.

    Pourtant mon préféré n'est aucun de ces 3 là, mais le sous estimé Curve. Groupe franchement unique en son genre, mélangeant rythmiques techno et hip hop (des breakbeats en fait) soutenu par des lignes de basses orgasmiques et surtout accompagné par l'élément qui me charme le plus chez eux : la voix de Toni Halliday.

    Ce groupe semble avoir été souvent sous estimé pendant leur plutôt longue carrière. Je ne comprends pas vraiment pourquoi, tant ils possède une forte personnalité et propose une musique à la fois directe et travaillée. Même aujourd'hui, ils semblent complétement oubliés et même méprisés. Une réédition de leurs albums pourrait peut être leur apporter une réhabilitation, c'est tout ce que j'espère pour eux car ils le méritent amplement (wouah, je m'aperçois que j'ai même pas fait une seule référence à Garbage, tant mieux).

    D'ailleurs puisque j'y pense, une chronique de Cuckoo est t-elle prévue ? C'est sans doute un de leurs chef d’œuvres et un de leurs disques les plus intéressants. Puisqu'il mêle électronique, shoegaze et rock industriel. Un album qui s'est fait d'ailleurs descendre à sa sortie parce qu'il ne contenait pas de tubes. Des mauvaises critiques injustifiées évidemment, surtout que Curve, possède en plus une discographie irréprochable et ça, peu de groupes peuvent s'en vanter.

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