14 février 2018

Sien : Uno

Uno de Sien

Date : 1997
Production : Carlos Cabezas
Label : Aucun

Parmi les nombreuses filles qui ont mené les groupes shoegaze, Daniella Rivera est une de celle dont la timidité ne reflète pas le charisme qu’elle dégage dans son chant. Au lieu de jouer les êtres fragiles, elle sait jouer de son expérience de chanteuse lyrique pour imposer sa force.
Et cela s'en ressent dès le premier et seul effort du groupe, encore bien brouillon mais magnifié par les saturations. Oscillant entre voix caressante (le rythmé «Trans-luz »), soupir lascif (« Juego » et sa trompette noyée sous les saturations) ou envolée appuyée (l’extraordinaire « Vuelta x vuelta »), Daniella ne laisse en tout cas personne indifférent. Sublimant ses textes ou leur donnant un souffle épique, elle intensifie les chansons, qui au lieu de se cantonner à n'être qu'un mur invariable de saturation (le jeu de Alejandro Goméz, tout en subtilité, arrive à tisser de jolis riffs à partir d'une pelote de saturations), deviennent des démonstrations de majesté et de fougue estudiantine. Effet renforcé par une section rythmique redoutable, particulièrement souple, flexible et insistante.
Ces chansons, même si elles témoignent d'un son encore juvénile (« Despertar »), deviennent vite des modèles pour toute une génération. Ces assauts soniques visent la liberté et les infinies possibilités qu’elle offre pour la jeunesse. Les mélodies sont parmi les plus intenses, sans jamais tomber dans la confusion. Les chansons de cet album autofinancé balancent ainsi, sans trancher, entre plusieurs ambiances, tantôt en apesanteur (« Sostenido »), tantôt en flamboyance (« Levitar »). Les guitares sèches et les percussions s'additionnent pour donner ce qu'il faut de puissance et de créativité à un ensemble très personnel, et aussi très ardent (« Celofán »). Avec toujours cette voix intimidante, faite de velours et d’assurance, faisant des pirouettes et des voltiges, entre gravité séductrice et friandise susurrée. 
Il y a tant de promesses dans ce groupe-là. Du culot, un amour pour les saturations et une maturité au-delà de la moyenne.

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