29 octobre 2017

Chimera : Earth Loop

Earth Loop de Chimera

Sortie : 1996
Produit par Chris Nagle
Label : Grass Records

On pense bien-sûr au Pale Saints mais aussi et surtout au Cocteau Twins ou The Sundays. La délicieuse voix de Eileen Henry est claire, forte, charismatique, voire doucereuse, aux lignes mélodiques lyriques. Ce qui fait que la chanteuse gagne en mystère. Elle est capable de soutenir des vocalises savoureuses comme de monter dans des aigues au-delà de l’imaginable et atteindre des hauteurs incroyables, à grand coup de hoquets (« Let me around »). L'album sera avant tout chaleureux et paisible ; une rêverie, un peu teintée de gothique et d’esprit celte, de manière très légère, car ce qui l’emporte c’est cette sorte de calme royal qu’on ressent lorsqu’on écoute cet album.
De prime abord les chansons sont courtes, pop acidulée, chargées de guitares saturées, mais pas trop (« Blow Away » ou « God Heart »). Quelques réminiscences folk s'infiltrent de ci, de là, ajoutant plus de lumière mélancolique dans la musique du groupe. Par exemple, « All I need » fait la part belle à la guitare sèche, de même pour « 2 Sunny » à la fraîcheur bienvenue. On pense souvent à The Sundays, mais aussi à certains groupes américains comme The Millions, The Innocence Mission ou Strange Boutique. Eileen ose même des petits hoquets adorables sur la ballade « Night Song » et ses riffs oniriques.
C'est la mélancolie qui s’exprime en réalité : les paroles sont toujours défaitistes, sur les regrets, les séparations, l’hypocrisie. Une certaine langueur reste de mise, comme sur « Let me be around », qui finit par des saturations servant d’écrins pour les époustouflantes montées en gamme de la voix d’Eileen, passant du grave à du papier de verre en une fraction de seconde, le temps d’un soupir, ou le superbe « Liquid » et ses distorsions. Parfois le style est perverti et obscurci, comme sur « Catch Me », morceau qui dénote par rapport aux autres, de par une basse très mise en avant, une boite à rythme et des saturations industrielles. Eileen y chante de façon plus mordante encore, joue sur plusieurs registres, subversifs, ensorcelants et séducteurs, par-dessus des guitares glaciales. Un morceau que n’auraient pas renié des formations comme Curve ou Lulabox. « Tiago » qui malgré sa candeur, reste avant tout un superbe hommage aux guitares, dont les distorsions fondantes, façon My Bloody Valentine, se frayent un chemin derrière l’ambiance ésotérique et les notes tombant en pluie d'or. 

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