Hairy Banjo de BoyfriendSortie : 1993
Produit par Paul Chisholm
Label : Creation
Produit par Paul Chisholm
Label : Creation
Leur touchante maladresse est l’exemple même que le shoegaze
pouvait être joué par n’importe qui. Les guitares sont mal dégrossis, la
production n’est pas des plus limpides, et ça chante surtout plutôt mal. Après tout,
le rock est une affaire de gamins entêtés, impatients, prêts à se ruer sur les
instruments à la recherche de LA chanson qui tue, celle qui emballera les
filles. On y retrouve des mélodies naïves et béates,
chainon manquant entre Ride et la power-pop (« Why I should
pretend »).
C’est basique, naïf par moment, parfois
approximatif, par exemple dans les chants, très adolescents, souvent enlevés,
un peu en vrac, mais on se prend tout de même au jeu.
« Searching », avec sa voix soufflée et haletante, reste tout de même
un morceau énergique avec un réel sens de la beauté.
Bien-sûr, parfois on s’amuse de
l’esprit faussement crooner que prend le chant « (#2) », à la limite
du ridicule, ou de l’air carrément faux de « Air your breathe »,
heureusement noyé sous les saturations. Mais on pardonne bien vite, avec
bienveillance, et on se délecte d’une époque révolue où les plus jeunes gamins
avaient droit à leur chance.
C’est avant tout la fraîcheur qui
marque sur cet album. Certes, on est loin d’une écriture complexe et raffiné
mais ça a le mérite d’être direct, innocent et énergique. Et bien souvent, on
frôle la perfection. Après tout, « Hey big star » a tout pour être un
tube, et « Guitarist Niple » reprend les codes incontournables du
shoegaze : multiples vocalises, chœurs en arrière fond, saturations tout
du long, incursions de guitares sèches, pour y apporter une petite touche
personnelle avec ce magnifique solo de guitare. Quant à « Don’t even
try », la chanson est clairement au-dessus du lot. Un nuage de crépitement
vient recouvrir des guitares sèches et des tambourins, tandis que les deux
chants susurrent ces paroles transparentes : « Don’t walk away, just close
your eyes, just feel inside, all you have to do is be yourself ». Boyfriend
arrive même à émouvoir au plus profond, avec une mélodie mélancolique, un
refrain déchirant malgré les voix chevrotantes et décidément pas très bien
assurées, et des violons discrets en arrière-plan. Sans prise de tête, ni
chichi, le groupe va au plus évident et ça marche le temps de cette chanson. C’est
là l’unique ambition de ce groupe. Entre candeur assumée et exubérance
ébouriffante, Boyfriend se fait le porte-parole de tous les musiciens jouant
avant tout pour se faire plaisir, sans chercher à dépasser un statut qui n'est
pas le leur.
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