
Sortie : 1992
Produit par Stephen Street
Label : Epic
Pour le troisième album, toujours sur
la major appartenant à Sony, on retrouve les guitares, mais cette fois-ci le
son est plus fort et bruyant. La pochette reprend les codes du shoegaze, comme
une leçon d’école. Et la voix d’Andrea Lewis se fait sirupeuse. Ce n’est pas de
la copie ou de la récupération mais juste une envie de se réinventer encore une
fois. Andrea se justifie : « on
a évolué depuis les huit ans qu’on est ensemble et on a pris pas mal d’influences
de divers groupes. »[i]
Cet album, plutôt réussi, est lumineux.
The Darling Buds a toujours été un groupe à guitare. Et quand on y réfléchit,
finalement, sur cet album, le groupe ne se renie pas, au contraire. Leur son
est plus ample, plus puissant, plus carré. Andrea confirme : « On a toujours été comme ça [avec un côté
plus méchant et dur]. On a été laissé en autonomie pour cet album alors on a pu
faire ce qu’on voulait. En concert, on sonne plus fort. On a gardé le côté
mélodique mais on a clairement durci le son des guitares. On n’est pas juste un
groupe pop. »[ii]
L'écriture est au top, assurée et facile d'accès (pour du shoegaze), comme sur
« Wave » ou le single « Sure Thing ». C’est même une
excellente porte d’entrée pour le curieux qui souhaiterait se faire une idée du
mouvement sans être rebuté. Les guitares sont certes dignes de My Bloody
Valentine, Lush ou The Charlottes mais les chansons ne sont pas du tout
agressives, grâce à une voix douce qui se superpose parfaitement au bruit
ambiant, sans être obligée de se donner une contenance grave ou solennelle. Car
c’est de la pop avant tout, qui ne se prend pas au sérieux et met l’accent sur
les belles mélodies, faciles à retenir. Harley explique : « Andrea a des goûts très larges en matière de
musique, ça peut aller de Ride à 10 000 Maniacs »[iii].
L’intéressée ne nie pas les influences, au contraire : « Il faut faire le tri parmi [les groupes de
la scène Thames Valley] mais Lush, ils sont cool. On a demandé à faire une
tournée avec eux. Ils n’ont pas l’air de trop galérer. Je pense que personne ne
les attendait ! »[iv]. La seule différence, c'est que The Darling Buds est peut-être plus optimiste.
L’album garde sa cohérence et
s’autorise même quelques prises de risques, comme la ballade « Gently
Fall », passée au mixer, « Off the mind », estampillé The Cure ou
« One things to another », véritable hommage au Loveless de My Bloody
Valentine, avec sa guitare sèche, ses nappes glissantes comme si la bande
magnétique avait chauffée au soleil et ses « ouhouhouh » répétitifs.
On retient des titres qui sont d'une
richesse incroyable, ne conservant du shoegaze que le côté tourbillonnant.
Erotica devient alors un album d'une énergie folle, une gerbe de lumière, un
éclat.
Il aurait mérité un autre regard, une
appréciation moins connotée, si on avait su à l'époque se focaliser sur la
qualité d'écriture du groupe, toujours présente...
[i]
Interview d’Andrea Lewis par Dom Gourlay, sur Drowned in Sound, 21 aout 2015,
[en ligne] http://drownedinsound.com/in_depth/4149263-we-treat-every-gig-as-if-its-our-last-one---dis-meets-the-darling-buds
[ii]
Andrea Lewis cité par Mark Sutherland, sur Lime Lizard, septembre 1992, [en
ligne] http://notsorted.tripod.com/DBarticles.html
[iii]
Geraint « Harley » Farr sur White Limonade, date inconnue
(1992 ?), [en ligne]
http://www.whitelemonade.net/one/bud-wiser
[iv]
Andrea Lewis sur White Limonade, op. cit.